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Les Sakas et les Khétas constituent, en fait, une seule et même chaîne de nations primitivement arianes. Quel qu’ait pu être, çà et là, le genre et le degré de dégradation ethnique subi par leurs tribus, ce sont deux grandes branches de la famille qui, moins heureuses que celles de l’Inde et de l’Iran, ne trouvèrent dans le partage du monde que des territoires déjà fortement occupés, relativement à ce qu’avaient eu leurs frères, et surtout bien inférieurs en beauté. Longtemps embarrassés de fixer leur existence tourmentée par les Finnois du nord, par leurs propres divisions et par l’antagonisme de leurs parents plus favorisés, la plupart de ces peuples périrent sans avoir pu fonder que des empires éphémères, bientôt médiatisés, absorbés ou renversés par des voisins trop puissants[1]. Tout ce qu’on aperçoit de leur existence dans ces régions vagues et illimitées du Touran, et des plaines pontiques, le Touran européen, qui étaient leurs lieux de passage, leurs stations inévitables, révèle autant d’infortune que de courage, une ar-


    passage d’un document ancien qui repousse de même cette opinion : « Incipit linea Saxonum et Anglorum descendens ab Adamo linealiter usque ad Sceafum de quo Saxones vocabantur. » — Mullenhoff ne me paraît nullement bien fondé dans la critique qu’il fait de ce texte. (Voir Zeitschrift für d. d. Alterth., t. VII, p. 415.) — Sceaf est un personnage tellement ancien, au jugement de la légende germanique, qu’il est placé à la tête des aïeux d’Odin. Les Scandinaves chrétiens ont exprimé cette idée en le faisant naître dans l’arche de Noé. Mullenhoff lui-même considère les aventures qui sont attribuées à ce personnage comme un mythe de l’arrivée par mer des Roxolans dans la Suéde. (Loc cit., p. 413.)

  1. On compte cependant dans ces États, souvent réduits à un bien faible périmètre, de nombreuses villes. On y remarque la présence de familles royales très respectées pour leur antiquité, une agriculture développée et surtout la mise en rapport de vignobles célèbres, l’élève de superbes races de chevaux, une grande réputation de bravoure militaire, une habileté commerciale dont les annalistes chinois, excellents juges en cette matière, se préoccupent beaucoup, et, ce qui est plus honorable encore, l’existence d’une littérature nationale et d’un ou plusieurs alphabets particuliers. (Ritter, loc. cit., pass.) — Je rappellerai que les traits distinctifs physiologiques de tous ces peuples, aux yeux des écrivains chinois, sont d’avoir eu les yeux bleus, la barbe et la chevelure blondes et épaisses, et le nez proéminent. (Loc. cit.)