Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/338

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce nom antique des Sakas s’est maintenu non moins longtemps et a parcouru plus de régions encore que celui des Khétas. Aux époques des migrations germaniques, il était appli-


    dans le premier volume de cet ouvrage, j’ai même raisonné dans le sens routinier  ; mais il m’a fallu me rendre à l’évidence, et comprendre qu’une complaisance exagérée me jetterait dans des erreurs et des non-sens trop graves. Je me suis donc résigné. Ayant allégué déjà plusieurs des motifs sur lesquels j’appuie mon opinion, je me bornerai surtout, pour en bien établir la force, à résumer l’état de la question. D’une voix presque unanime, la science moderne considère les Scythes Skolotes comme des Finnois. Elle a pour cela trois raisons : d’abord, qu’Hippocrate les décrit comme tels ; ensuite que les Grecs appelaient Scythie tout le nord de l’Europe, et ne faisaient aucune distinction entre les populations de ce pays ; enfin que, puisqu’elle a prononcé une fois, elle ne veut pas se déjuger. Laissant respectueusement à l’écart le troisième motif, je ne m’occuperai que des deux premiers. Il est bien vrai qu’Hippocrate décrit des hommes habitant sur les rives de la Propontide comme ayant le caractère physiologique de la race finnoise, et ces hommes, il les qualifie de Scythes. Mais, de la façon dont il emploie ce nom, il est de toute évidence qu’il n’entend par là que des gens établis en Scythie parmi beaucoup d’autres qui ne leur ressemblaient pas. Or, qu’au temps d’Hippocrate, c’est-à-dire deux cents ans après Hérodote, des tribus jaunes pussent être descendues jusque dans le voisinage de la Propontide, et, y habitant pêle-mêle avec bien d’autres races, y eussent reçu des Grecs le nom de Scythes, il n’y a rien là que de très naturel et de très admissible. Il ne s’ensuit pas nécessairement qu’à une époque antérieure, ces mêmes gens fussent déjà dans le pays. Hérodote parle beaucoup des Scythes, il les avait visités, il avait conversé avec eux, il savait leur histoire ; nulle part il ne témoigne qu’ils eussent le moindre trait de la nature finnique ; tout au contraire, quand il décrit cette nature, à l’occasion du récit qu’il fait des mœurs des Argippéens, il avoue qu’il n’a pas vu lui-même ces hommes chauves, au nez aplati, au menton allongé et que tout ce qu’il en rapporte, il ne le sait que par tradition des marchands et des voyageurs. Et non seulement il n’indique pas par un seul mot, lui, observateur si soigneux et si attentif, que les Scythes aient eu le moindre trait différent de la physionomie grecque ou thrace, mais aucun écrivain d’Athènes, de cette ville d’Athènes où la garde de police était composée, en partie, de soldats scythes, n’a jamais fait la moindre allusion à une particularité qui aurait, au moins, pu fournir l’étoffe d’une plaisanterie à Aristophane, lequel introduit un Scythe fort grossier dans une de ses pièces. Ce n’est pas tout : Hérodote, parlant de la Scythie, proteste contre l’usage de ses compatriotes de la considérer comme étant d’un seul