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Au IIe siècle de notre ère, celles des tribus gétiques qui étaient restées dans la haute Asie se transportèrent sur le Sihoun, puis vers la Sogdiane, et eurent la gloire de substituer un empire de leur fondation à l’État bactro-macédonien. Ce succès toutefois fut peu de chose, comparé à l’éclat que leur nom acquit au IVe et au Ve siècle en Europe. Un groupe descendu de leurs frères émigrés, et que nous allons retrouver tout à l’heure avec sa généalogie, partit alors des rives orientales de la Baltique et du sud du pays scandinave pour effacer tout ce que ses homonymes avaient pu faire de grand. La vaste confédération des Goths promena son étendard radieux en Russie, sur le Danube, en Italie, dans la France méridionale, et sur toute la face de la péninsule hispanique. Que les deux formes Goth et Gète soient absolument identiques, c’est ce dont témoigne au mieux un historien national fort instruit des antiquités de sa race, Jornandès. Il n’hésite pas à intituler les annales des rois et des tribus gothiques, Res geticæ.

A côté des Gètes et un peu moins anciennement, se présente sur la Propontide et dans les régions avoisinantes un autre peuple également arian. Ce sont les Scythes, non pas les Scythes laboureurs, véritables Slaves[1], mais les Scythes belliqueux,


    bablement les groupes les plus nombreux, Yueti ou Yuei-tchi. La première de ces formes se rapproche beaucoup de Jotun, ce qui semble indiquer que, bien que cette dernière nous soit surtout connue par les Scandinaves, elle était déjà employée dès la noire antiquité au fond de la haute Asie. — (Ritter, Asien, 7e Th., 3e Buch, Ve Band., p. 604.) Les renseignements si importants donnés par les écrivains du Céleste Empire sur les nations arianes de la haute Asie empruntent une nuance d’intérêt de plus à ce fait qu’ils ne datent que du IIe siècle avant J.-C., ce qui prouve qu’à cette époque encore, et, par conséquent, bien longtemps après le départ des peuples d’où sont sortis les Scandinaves, puis les Germains, il y avait encore de grandes masses blanches dans l’ouest de la Chine, et que ces masses portaient en partie ces mêmes noms que leurs parents européens, probablement bien oubliés par eux, allaient illustrer, quelques siècles plus tard, sur le Rhin et sur le Danube. — On peut ainsi se faire une idée de l’heureuse influence que ces invasions et les infiltrations latentes de ces peuples eurent sur les races jaunes ou malayes de la Chine.

  1. Le mot de γεώργοι employé par Hérodote marque, de l’aveu commun, une catégorie de populations qui étaient soumises à des tribus