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Mais l’établissement des Gètes en Europe est tellement ancien qu’à peine est-il possible de les y entrevoir à l’état pur La plupart de leurs tribus, telles qu’elles sont nommées dans les plus vieilles annales, avaient été profondément affectées déjà par des alliages slaves, kymriques, ou même jaunes. Les Thyssagètes ou Gètes géants, les Myrgètes ou apparentés à la tribu finnique des Merjans, les Samogètes à la race des Suomis, comme s’appellent eux-mêmes les Finnois, formaient, de leur propre aveu, autant de tribus métisses qui, ayant uni le plus beau sang de l’espèce blanche à l’essence mongole, en portaient la peine par l’infériorité relative dans laquelle elles étaient tombées vis-à-vis de leurs parents plus purs. Les Jutes de la Scandinavie, les Iotuns, pour employer l’expression de l’Edda, paraissent avoir été les plus septentrionaux, et, au point de vue moral, les plus dégradés de tous les Gètes[1].

Du côté de l’Asie, du côté de la Caspienne, vivaient encore d’autres branches de la même nation, que les historiens grecs et romains connaissaient sous le nom de Massagètes[2]. Plus tard, on les nomma Scytho-Gètes ou Hindo-Gètes. Les écrivains chinois les nommaient Khou-te[3], et l’authenticité, l’exactitude parfaite de cette transcription est garantie d’une manière rare par le témoignage décisif des poèmes hindous qui, à une époque infiniment plus ancienne, la produisent sous la forme du mot Khéta. Les Khétas sont un peuple vratya, réfractaire aux lois du brahmanisme, mais incontestablement arian et vivant au nord de l’Himalaya[4].

  1. Au point de vue physique, ils étaient restés très vigoureux et très grands, puisqu’ils sont assimilés aux géants. (Schaff., I, 307.) — Wachter, qui tient aussi les Jotuns pour un peuple métis, les croit issus d’un mélange celte et finnois. (Encycl. Ersch u. Gr., 83.) — Il est plus que vraisemblable qu’avec le temps toute espèce d’alliage s’opéra dans le sang des différentes tribus gètes ; mais que la base première ait été ariane, c’est ce dont il n’est pas possible de douter.
  2. Les Chinois les nommaient très régulièrement Ta-Yueti, grands Gètes ; ta est la traduction exacte de massa ou maha, grand. (Ritter, 7e Th., 3e Buch, Ve Band., page 609.) — Voir les deux notes qui suivent.
  3. Voir tome 1er.
  4. Les Chinois nommaient aussi certaines nations gétiques, et pro-