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les esclaves : elles vivaient sous leurs toits particuliers, cultivant le sol et payant des redevances, comparables, en ceci, aux serfs du moyen âge. Pour achever la ressemblance, au-dessus de ces manants se plaçait une espèce de bourgeoisie également exclue de l’exercice des droits politiques, mais mieux traitée et plus riche que la classe des paysans. Ces hommes, Perrhèbes et Magnètes en Thessalie (1)[1], et en Laconie Périœkes, descendaient certainement de différentes catégories de vaincus. Ou bien ils avaient formé les classes supérieures de la société dissoute, ou bien ils s’étaient soumis volontairement et par capitulations.

Les étrangers domiciliés avaient des droits analogues ; mais en somme, esclaves, pénestes, périœkes, étrangers, portaient le poids de la suprématie hellénique.

Telles étaient les institutions par lesquelles les Arians Grecs, si amoureux de leur liberté personnelle et si jaloux de la conserver les uns vis-à-vis des autres, trouvaient à satisfaire, dans l’intérieur de l’État et hors des temps de guerre et de conquête, leur besoin de domination. Le guerrier renfermé dans sa maison y était roi. Sa compagne ariane, respectée de tous et de lui-même, avait aussi son parler franc devant le pasteur du peuple. Pareille à Clytemnestre, l’épouse grecque était assez hautaine. Froissée dans ses sentiments, elle savait punir comme la fille de Tyndare. Cette héroïne des temps primitifs (2)[2] n’est pas autre que la femme altière aux cheveux



énormes de rochers. Il est très vraisemblable que les cités, à proprement parler, n’étaient que l’œuvre des colons chananéens. (Mc. Cullagh, t. I, p. 22.) — Disons à ce propos qu’en Italie on a trop longtemps attribué aux populations aborigènes ces vastes et solides constructions nommées pélasgiques ou cyclopéennes. Les tribus agricoles qui composaient ces races dites autochtones n’étaient nullement capables de concevoir ni d’exécuter de pareils labeurs, et on est d’autant plus autorisé à en reporter le mérite soit aux Arians Hellènes, soit même à leurs pères, les Titans, que, dans la Péninsule, le souvenir des murailles cyclopéennes est intimement uni à celui des Tyrrhéniens. La porte de Mycènes est aussi une construction essentiellement hellénique.

(1) Grote, History of Greece, t. II, p. 370 et passim.

(2) Grote, t. II, p. 113. — La femme grecque d’Homère est infiniment

  1. (1) Grote, History of Greece, t. II, p. 370 et passim.
  2. (2) Grote, t. II, p. 113. — La femme grecque d’Homère est infiniment supérieure à l'épouse des âges civilisés ou sémitisés. Voir Pénélope, Hélène, dans l'Odyssée, et la reine des Phéaciens. Elle a, tout à la fois, plus de gravité, de considération et de liberté. Cette première institution s'était un peu conservée chez les Macédoniens, à en juger par le rôle que joue Olympias dans les affaires d'Alexandre. Comparer aussi les mœurs des Doriens de Sparte. (Bœttiger, t. II, p. 61.)