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jaune, n’était pas censée constituer une violation de ce dogme de la loi naturelle.

Après la séparation des différentes descendances blanches, chaque nation s’étant imaginé, dans son isolement au milieu de multitudes inférieures ou métisses, être l’unique représentant de l’espèce, ne se fit aucun scrupule d’user des prérogatives de la force dans toute leur étendue, même sur les parents que l’on rencontrait et qui n’étaient plus reconnus pour tels, du moment qu’ils appartenaient à d’autres rameaux. Ainsi, bien que, dans la règle, il ne dût y avoir que des esclaves jaunes et noirs, il s’en fit pourtant de métis et ensuite de blancs, par une corruption de la fâcheuse prescription antique dont on avait involontairement altéré le sens, en en restreignant le bénéfice aux seuls membres de la cité.

Une preuve sans réplique que cette interprétation est la bonne, c’est qu’en vertu d’une extension très anciennement appliquée, on ne voulut pas non plus pour esclaves les habitants des colonies, ni les alliés, ni les peuples avec lesquels on avait des rapports d’hospitalité ; et, plus tard encore, suivant une autre règle qui, au point de vue de la loi originelle, et dans un sens ethnique, n’était qu’une assimilation arbitraire, on étendit cette franchise à toutes les nations grecques.

Je vois ici une preuve que, dans l’Asie centrale, les peuples blancs, au temps de leur réunion, s’interdisaient de posséder leurs congénères, c’est-à-dire les hommes blancs ; et les Arians Grecs, observateurs incorrects de cette loi primordiale, ne consentaient pas davantage à asservir leurs congénères, c’est-à-dire leurs concitoyens.

En revanche, la situation des premiers possesseurs de l’Hellade, tels que les Hélotes et les Pénestes, ressemblait à du servage (1)[1]. La différence essentielle était que les populations soumises n’habitaient pas les demeures (2)[2] du guerrier ainsi que



(1) « As a birthright the Hellenes claimed both in peace and war, exclusive sway ; and their kings are depicted as endued with unlimited power over the earth-born multitude. » (Mc. Cullagh. t. I, p. 6.)

(2) Ces demeures étaient des citadelles chevaleresques entourées de cabanes. Elles dominaient les hauteurs et étaient construites en fragments

  1. (1) « As a birthright the Hellenes claimed both in peace and war, exclusive sway ; and their kings are depicted as endued with unlimited power over the earth-born multitude. » (Mc. Cullagh. t. I, p. 6.)
  2. (2) Ces demeures étaient des citadelles chevaleresques entourées de cabanes. Elles dominaient les hauteurs et étaient construites en fragments énormes de rochers. Il est très vraisemblable que les cités, à proprement parler, n’étaient que l’œuvre des colons chananéens. (Mc. Cullagh, t. I, p. 22.) — Disons à ce propos qu’en Italie on a trop longtemps attribué aux populations aborigènes ces vastes et solides constructions nommées pélasgiques ou cyclopéennes. Les tribus agricoles qui composaient ces races dites autochtones n’étaient nullement capables de concevoir ni d’exécuter de pareils labeurs, et on est d’autant plus autorisé à en reporter le mérite soit aux Arians Hellènes, soit même à leurs pères, les Titans, que, dans la Péninsule, le souvenir des murailles cyclopéennes est intimement uni à celui des Tyrrhéniens. La porte de Mycènes est aussi une construction essentiellement hellénique.