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Rien ne démontre mieux la variabilité ethnique de l’empire romain que le catalogue des empereurs. D’abord, et par le hasard assez ordinaire qui mit le génie sous le front d’un patricien démocrate, les premiers princes sortirent de la race sabine. Comment le pouvoir se perpétua un temps dans le cercle de leurs alliances, sans qu’une hérédité réelle pût s’établir jamais, c’est ce que Suétone raconte avec perfection. Les Jules, les Claude, les Néron eurent chacun leur jour, puis bientôt ils disparurent, et la famille italiote des Flavius les remplaça. Elle s’effaça promptement, et à qui fit-elle place ? À des Espagnols. Après les Espagnols, vinrent des Africains ; après les Africains, dont Septime Sévère se montra le héros, et l’avocat Macrinus le représentant, non le plus fou, mais le plus vil, parurent les Syriens, bientôt supplantés par de nouveaux Africains, remplacés à leur tour par un Arabe, détrôné par un Pannonien. Je ne pousse pas plus loin la série, et je me contente de dire qu’après le Pannonien il y eut de tout sur le trône (1)[1] impérial, sauf un homme de famille urbaine.

Il faut considérer encore la manière dont le monde romain s’y prenait pour former l’esprit de ses lois (2)[2]. Le demandait-il à l’ancien instinct, je ne dirai pas romain, puisqu’il n’y eut



Vitellius. La prospérité matérielle fut très grande ; mais le pouvoir resta irrégulier, garda son inconsistance, et l’intelligence nationale alla toujours déclinant. (Voir Am. Thierry, Histoire de la Gaule sous l’administration romaine, t. I, p. 241.)

(1) Am. Thierry, la Gaule sous l’administration romaine. Introduction, t. I, p. 163 et pass.

(2) César avait désiré un code établi sur un principe unitaire. Il mourut trop tôt pour réaliser son projet. (Am. Thierry, la Gaule sous l’administr. rom. Introd., t. I, p. 73.) Je crois aussi que le temps n’en était pas encore arrivé. Il aurait eu à vaincre des résistances qui, un peu plus tard, n’existèrent plus. (Voir Am. Thierry, Hist. de la Gaule sous l’adm. rom. Introd., t. I, p. 253 et pass.) — Savigny, Geschichte des rœmischen Rechtes im Mittelalter, t. I, p. 4 et pass. : « Très promptement, remarque l’illustre écrivain, le droit romain cessa d’être animé d’un véritable esprit créateur. Les grands jurisconsultes de l’époque de Caracalla et d’Alexandre furent à peu près les derniers qui aient pu répandre la vie dans la doctrine. » Cette opinion est encore trop favorable.

  1. (1) Am. Thierry, la Gaule sous l’administration romaine. Introduction, t. I, p. 163 et pass.
  2. (2) César avait désiré un code établi sur un principe unitaire. Il mourut trop tôt pour réaliser son projet. (Am. Thierry, la Gaule sous l’administr. rom. Introd., t. I, p. 73.) Je crois aussi que le temps n’en était pas encore arrivé. Il aurait eu à vaincre des résistances qui, un peu plus tard, n’existèrent plus. (Voir Am. Thierry, Hist. de la Gaule sous l’adm. rom. Introd., t. I, p. 253 et pass.) — Savigny, Geschichte des rœmischen Rechtes im Mittelalter, t. I, p. 4 et pass. : « Très promptement, remarque l’illustre écrivain, le droit romain cessa d’être animé d’un véritable esprit créateur. Les grands jurisconsultes de l’époque de Caracalla et d’Alexandre furent à peu près les derniers qui aient pu répandre la vie dans la doctrine. » Cette opinion est encore trop favorable.