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les flatteurs ou les envieux qui parlassent, on prêtait à Trimalcion la plus illustre ou la plus immonde origine (1)[1]. Toute cette brillante société était, en outre, un ramas d’ignorants ou d’imitateurs. Au fond, elle n’inventait rien, et tirait tout ce qu’elle savait des provinces helléniques. Les innovations qu’elle y mêlait étaient des altérations, non des embellissements. Elle s’habillait à la grecque ou à la phrygienne, se coiffait de la mitre persane, osait même, au grand scandale des louangeurs du temps passé, porter des caleçons à la mode asiatique sous une toge douteuse ; et tout cela qu’était-ce ? Des emprunts à l’hellénisme, et quoi de plus ? Rien, pas même les dieux nouveaux, les Isis, les Sérapis, les Astarté, et, plus tard, les Mithra et les Élagabal que Rome vit s’impatroniser dans ses temples. Il ne perçait de tous côtés que ce sentiment d’une population asiatique transplantée, apportant dans le pays qui s’imposait à elle les usages, les idées, les préjugés, les opinions, les tendances, les superstitions, les meubles, les ustensiles, les vêtements, les coiffures, les bijoux, les aliments, les boissons, les livres, les tableaux, les statues, en un mot, toute l’existence de la patrie.

Les races italiotes s’étaient fondues dans cette masse amenée



appellatur, quæ nummos modio metitur. » — « Ipse nescit quid habeat adeo zaplutus (Ζάπλουτος) est. » — « Argentum in hostiarii illius plus jacet quam quisquam in fortunis habet. Familia vero babæ ! babæ ! non me hercules puto decumam partem esse quæ dominum suum novit, etc., etc. » — XXXVIII : « Reliquos autem collibertos ejus cave contemnas, valde succosi sunt. Vides illum qui in imo imus recumbit ? Hodie sua octingenta possidet ; de nihilo crevit ; solebat collo modo suo ligna portare. »

(1) Am. Thierry, ibid., t. I, p. 208 : « Cette nouvelle société qui se formait alors, et qui, en Italie, depuis la guerre sociale, ne se recrutait plus que parmi les affranchis. » Il n’y a rien d’étonnant à ce que des hommes de cette étoffe répétassent volontiers avec Trimalcion : « Amici et servi homines sunt, et æque unum lactem biberunt. » (Petron., Satyr., LXXI.) Ils n’en étaient pas meilleurs pour cela, et n’écrivaient pas moins sur la porte de leur maison, comme ce même financier : Tout esclave qui, sans ma permission, sortira d’ici, recevra cent coups. « Quisquis servus sine dominico jussu foras exierit, accipiet plagas centum. » (Petron., Satyr., XXVIII.)

  1. (1) Am. Thierry, ibid., t. I, p. 208 : « Cette nouvelle société qui se formait alors, et qui, en Italie, depuis la guerre sociale, ne se recrutait plus que parmi les affranchis. » Il n’y a rien d’étonnant à ce que des hommes de cette étoffe répétassent volontiers avec Trimalcion : « Amici et servi homines sunt, et æque unum lactem biberunt. » (Petron., Satyr., LXXI.) Ils n’en étaient pas meilleurs pour cela, et n’écrivaient pas moins sur la porte de leur maison, comme ce même financier : Tout esclave qui, sans ma permission, sortira d’ici, recevra cent coups. « Quisquis servus sine dominico jussu foras exierit, accipiet plagas centum. » (Petron., Satyr., XXVIII.)