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la gloire de Rome. Certes, Mucius Scévola aurait tenu en bien petite estime l’esclave Plaute, le Mantouan Virgile, et Horace, Vénusien, l’homme qui jetait son bouclier à la bataille et en racontait l’anecdote pour faire rire Pompéius Varus (1)[1]. Ces hommes étaient de grands esprits, mais non pas des Romains, à parler chimie.

Quoi qu’il en soit, la littérature naquit, et avec elle une bonne part, sans contredit, de l’illustration nationale, et la cause du bruit qu’a fait le reste ; car on ne disconviendra pas que la masse sémitisée d’où sont sortis les poètes et les historiens latins dût à son impureté seule le talent d’écrire avec éloquence, de sorte que ce sont les doctes emphases des bâtards collatéraux qui nous ont mis sur la voie d’admirer les hauts faits d’ancêtres qui, s’ils avaient pu réviser et consulter leurs généalogies, n’auraient rien eu de plus pressé à faire que de renier ces respectueux descendants (2)[2].

Avec les livres, le goût du luxe et de l’élégance étaient de nouveaux besoins qui témoignaient aussi des changements survenus dans la race. Caton les dédaignait, mais il y mettait de l’affectation. N’en déplaise à la gloire de ce sage, les prétendues vertus romaines dont il se parait étaient plus consciencieuses encore chez les antiques patriciens, et toutefois plus modestes (3)[3]. De leur temps, il n’était pas besoin d’en faire parade pour se singulariser ; tout le monde était sage à leur


(1)

Tecum Philippes et celerem fugam
Sensi, relicta non bene parmula,
Quum fracta virtus et minaces
Turpe solum tetigere mento.
Hor., Od., II, 7, 9.

(2) Voir, sur la richesse des annales latines, et la différence existant entre elles et les histoires grecques, Niebuhr, Rœm. Geschichte, t. II, p. 1 et pass. — La méthode hellénique offre la transition des épopées hindoues et persanes, complètement nulles sous le rapport de la chronologie et de l’exactitude matérielle, aux fastes italiotes, qui n’avaient, au contraire, que ces deux qualités.

(3) Polybe rend justice entière à l’avarice sordide de l’esprit romain : ‛Aπλῶς γὰρ οὺδεὶς οὺδένι δίδωσι τῶν ἰδίων ὑπαρχόντων ἑκὼν οὺδέν. (Fragm., libr. XXXII, c. 12.)

  1. (1)
    Tecum Philippes et celerem fugam
    Sensi, relicta non bene parmula,
    Quum fracta virtus et minaces
    Turpe solum tetigere mento.
    Hor., Od., II, 7, 9.
  2. (2) Voir, sur la richesse des annales latines, et la différence existant entre elles et les histoires grecques, Niebuhr, Rœm. Geschichte, t. II, p. 1 et pass. — La méthode hellénique offre la transition des épopées hindoues et persanes, complètement nulles sous le rapport de la chronologie et de l’exactitude matérielle, aux fastes italiotes, qui n’avaient, au contraire, que ces deux qualités.
  3. (3) Polybe rend justice entière à l’avarice sordide de l’esprit romain : ‛Aπλῶς γὰρ οὺδεὶς οὺδένι δίδωσι τῶν ἰδίων ὑπαρχόντων ἑκὼν οὺδέν. (Fragm., libr. XXXII, c. 12.)