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Impossible de ramener dans un même cadre deux nations qui, sous le même nom, se ressemblaient si peu (1)[1]. Toutefois l’équité n’est pas aussi sévère pour l’œuvre de Sylla que le fut son auteur. Le dictateur eut raison de perdre courage, car il compara son résultat à ses plans. Il n’en avait pas moins donné au patriciat une vigueur factice, renforcée, il est vrai, par la terreur qui paralysait le parti contraire, et la république lui dut plusieurs années d’existence qu’elle n’aurait pas eues sans lui. Après la mort du réformateur, l’ombre cornélienne protégea encore quelque temps le sénat. Elle se dressait derrière Cicéron, lorsque ce rhéteur, devenu consul,



des raisons très dignes d’être rapportées ici comme aveux complets de la part des patriciens : « Disserebatur contra paucorum culpam ipsis exitiosam esse debere, nihil universorum juri derogandum ; quippe late fusum id corpus ; hinc plerumque tribus, decurias, ministeria magistratibus et sacerdotibus, cohortes etiam in urbe conscriptas ; et plurimis equitum, plerisque senatoribus, non aliunde originem trahi. Si separarentur libertini, manifestata fore penuriam ingenuorum. » (Tac., Ann., XIII, 27.) Déjà du temps de Cicéron, l’usage s’était introduit d’affranchir un esclave après six ans de bons services et de bonne conduite. À dater de la même époque, un Romain de la classe riche se faisait un devoir en mourant de donner la liberté à toute sa maison, et l’opinion publique considérait cet acte comme une affaire de conscience. (Zumpt, loc. cit., p. 30.) Il me semble bien difficile de ne pas conclure de ces faits que la décadence de l’esclavage dans tout pays est correspondante à la confusion des races, et résulte directement de la parenté de plus en plus proche entre les maîtres et les serviteurs.

(1) Denys d’Halicarnasse rend très bien compte de cette situation et de ses conséquences : Αἱ δὲ τῶν βαρβάρων ἐπιμιξίαι, δι’ ἃς ἡ πόλις πολλὰ τῶν ἀρχαίων ἐπιτηδευμάτων ἀπέμαθε, σὺν χρόνῳ ἐγένοντο. καὶ θαῦμα μὲν τοῦτο πολλοῖς ἂν εἶναι δόξειε τὰ εἰκότα λογισαμένοις, πῶς οὐχ ἅπασα ἐξεβαρβαρώθη, Ὀπικούς τε ὑποδεξαμένη, καὶ Μαρσοὺς, καὶ Σαυνίτας, καὶ Τυρρηνοὺς, καὶ Βρεττίους, Ὀμβρικῶν τε καὶ Λιγύων, καὶ Ἰβήρων, καὶ Κελτῶν συχνὰς μυσιάδας, ἄλλά τε πρὸς τοῖς εἰρημένοις ἔθνη, τὰ μὲν ἐξ αὐτῆς Ἰταλίας, τὰ δ̓̓̓̓̓̓’ ἐξ ἑτέρων ἀφιγμένα τόπων μυρία ὅσα, οὔτε ὁμόγλωσσα, οὔτε ὁμοδίαιτα. ὡς οὔτε φωνὰς οὔτε δίαιταν, καὶ βίᾳ σύγκλυδας ἀναταραχθέντας, ἐκ τοσαύτης διαφωνίας πολλὰ τοῦ παλαιοῦ κόσμου τῆς πόλεως νεοχμῶσαι εἰκὸς ἦν. (Antiq. Rom., 1, LXXXIX.)

  1. (1) Denys d’Halicarnasse rend très bien compte de cette situation et de ses conséquences : Αἱ δὲ τῶν βαρβάρων ἐπιμιξίαι, δι’ ἃς ἡ πόλις πολλὰ τῶν ἀρχαίων ἐπιτηδευμάτων ἀπέμαθε, σὺν χρόνῳ ἐγένοντο. καὶ θαῦμα μὲν τοῦτο πολλοῖς ἂν εἶναι δόξειε τὰ εἰκότα λογισαμένοις, πῶς οὐχ ἅπασα ἐξεβαρβαρώθη, Ὀπικούς τε ὑποδεξαμένη, καὶ Μαρσοὺς, καὶ Σαυνίτας, καὶ Τυρρηνοὺς, καὶ Βρεττίους, Ὀμβρικῶν τε καὶ Λιγύων, καὶ Ἰβήρων, καὶ Κελτῶν συχνὰς μυσιάδας, ἄλλά τε πρὸς τοῖς εἰρημένοις ἔθνη, τὰ μὲν ἐξ αὐτῆς Ἰταλίας, τὰ δ̓̓̓̓̓̓’ ἐξ ἑτέρων ἀφιγμένα τόπων μυρία ὅσα, οὔτε ὁμόγλωσσα, οὔτε ὁμοδίαιτα. ὡς οὔτε φωνὰς οὔτε δίαιταν, καὶ βίᾳ σύγκλυδας ἀναταραχθέντας, ἐκ τοσαύτης διαφωνίας πολλὰ τοῦ παλαιοῦ κόσμου τῆς πόλεως νεοχμῶσαι εἰκὸς ἦν. (Antiq. Rom., 1, LXXXIX.)