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Une fois l’Étrurie annexée aux possessions de la république, comme les nations les plus voisines de Rome avaient, pendant ce temps, subi le même sort les unes après les autres, le plus fort, le plus difficile du thème romain se trouva fait, et, quand l’invasion gauloise eut été rejetée loin des murs du Capitole, la conquête de la Péninsule tout entière ne fut plus qu’une question de temps pour les successeurs de Camille.

À la vérité, s’il avait alors existé dans l’Occident une nation énergique, issue de la race ariane, les destinées du monde eussent été différentes : on eût vu bientôt les ailes de l’aigle tomber brisées ; mais la carte des États contemporains ne nous montre que trois catégories de peuples en situation de lutter avec la république.

1° Les Celtes  — Brennus avait trouvé son maître, et ses bandes, après avoir dompté les Kymris métis de l’Umbrie et les Rasènes de l’Italie moyenne, avaient dû s’en tenir là. Les Celtes étaient divisés en trop de nations, et ces nations étaient chacune trop petites, pour qu’il leur fût loisible de recommencer des expéditions considérables. La migration de Bellovèse et de Sigovèse fut la dernière jusqu’à celle des Helvétiens au temps de César.

2° Les Grecs — Comme nationalité ariane, ils n’existaient plus depuis longtemps, et les brillantes armées de Pyrrhus n’auraient pas été en état de faire une trouée au milieu des redoutables bandes kymriques vaincues par les Romains. Que prétendre contre les Italiotes ?

3° Les Carthaginois — Ce peuple sémitique, appuyé sur l’élément noir, ne pouvait, dans aucune supposition, prévaloir contre une quantité moyenne de sang kymrique.

La prépondérance était donc assurée aux Romains. Ils n’auraient pu la perdre que si leur territoire, au lieu d’être situé dans l’occident du monde, les avait faits voisins de la civilisation brahmanique d’alors, ou, encore, s’ils avaient eu déjà sur les bras les populations germaniques qui ne vinrent qu’au Ve siècle.

Tandis que Rome marchait ainsi à la rencontre d’une gloire immense en s’appuyant sur la force respectée de ses constitutions,