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Tandis que les Étrusques, culbutés dans le nord par les agresseurs sortis de la Gaule, fuyaient en bandes effarées jusqu’au fond de la Campanie (1)[1], l’armée romaine, avec toute son ordonnance et son attirail jadis imités de ses victimes d’aujourd’hui, passait le fleuve et faisait sa main sur ce qui lui convenait. Elle n’était pas l’alliée des Gaulois, heureusement, car, n’ayant pas à partager le butin, elle le gardait tout entier ; mais elle combinait de loin ses entreprises avec les leurs, et, pour mieux assurer ses coups, ne les assenait qu’en même temps. Elle y trouva encore un autre profit.

Les Tyrrhéniens Rasènes, assaillis de toutes parts, défendirent leur indépendance aussi longtemps que faire se put. Mais, lorsque le dernier espoir de rester libres eut disparu pour eux, il leur fallut raisonnablement penser à quel vainqueur il valait mieux se rendre. Les Gaulois, on ne saurait trop insister sur cette vérité méconnue, n’avaient pas agi en barbares, car ils ne l’étaient pas. Après s’être abandonnés, dans la première ardeur de l’invasion, à saccager des cités umbriques, ils avaient à leur tour fondé des villes, comme Milan, Mantoue et autres (2)[2]. Ils avaient adopté le dialecte des vaincus et, probablement, leur manière de vivre. Cependant, en somme, ils étaient étrangers au pays, avides, arrogants, brutaux. Les Étrusques espérèrent sans doute un sort moins dur sous la domination du peuple qui leur devait la vie. On vit donc des cités ouvrir aux consuls leurs citadelles, et se déclarer sujettes, quelquefois alliées, du peuple romain (3)[3]. C’était le meilleur parti à prendre. Le sénat, dans sa politique sérieuse et froide, eut longtemps la sagesse de ménager l’orgueil des nations soumises.



(1) O. Muller, ouvr. cité, p. 162.

(2) Ibid., p. 139.

(3) Ibid., p. 128-130. — Le dernier soupir de l’Étrurie indépendante fut recueilli par le consul Marcius Philippus, qui triompha en 471 de Rome. Cependant la nationalité se maintint jusqu’au temps de Sylla. Ce dictateur inonda le pays de colonies sémitisées. César continua, Octave acheva, et le sac de Pérouse mit le sceau à la dispersion de la race.

  1. (1) O. Muller, ouvr. cité, p. 162.
  2. (2) Ibid., p. 139.
  3. (3) Ibid., p. 128-130. — Le dernier soupir de l’Étrurie indépendante fut recueilli par le consul Marcius Philippus, qui triompha en 471 de Rome. Cependant la nationalité se maintint jusqu’au temps de Sylla. Ce dictateur inonda le pays de colonies sémitisées. César continua, Octave acheva, et le sac de Pérouse mit le sceau à la dispersion de la race.