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des sentiments tout différents (1)[1]. Ainsi, n’ayant pas plus d’alliés sur la rive droite du Tibre que sur la rive gauche, Rome, malgré son courage, eût succombé, si la diversion la plus heureuse n’avait été faite en sa faveur par des masses puissantes qui, certes, ne songeaient pas à elle ; et ici vient se placer une de ces grandes périodes de l’histoire que les interprètes religieux des annales humaines, tels que Bossuet, ont coutume de considérer avec un saint respect comme le résultat admirable des longues et mystérieuses combinaisons de la Providence.

Les Galls d’au delà des Alpes, faisant un mouvement agressif hors de leur territoire, inondèrent tout à coup le nord de l’Italie, asservirent le pays des Umbres, et vinrent présenter la bataille aux Étrusques (2)[2].

Les ressources diminuées de la confédération rasène suffirent à peine à résister à des antagonistes si nombreux, et Rome, quitte de son principal adversaire, prit autant de loisirs qu’il lui en fallut pour répondre à ses ennemis de la rive gauche.

Elle réussit : elle les abaissa. Puis, lorsque de ce côté ses armes lui eurent assuré, non seulement le repos, mais la domination, elle mit à profit les embarras inextricables où les efforts des Galls plongeaient ses anciens maîtres, et, les prenant à dos, remporta sur eux des triomphes qui, sans cette circonstance, eussent probablement été mieux disputés et fort incertains.



(1) « Les Tarquiniens semblent avoir même un moment rallié contre les Romains, renégats de l’Étrurie, jusqu’aux villes libérales : Clusium, par exemple. — Liv., I : « Incensus Tarquinius non dolore solum tantæ ad irritum cadentis spei, sed etiam odio iraque... bellum aperte moliendum ratus, circumire supplex Etruriæ urbes ; orare maxime Veientes Tarquiniensesque, ne se ortum ejusdem sanguinis... perire sinerent. »

(2) O. Muller, ouvr. cité, p. 165. — Cet auteur fait très bien ressortir la nécessité où se trouvèrent les Étrusques, par suite de l’invasion gallique, de tolérer les agrandissements de Rome. Il les montre forcés de laisser prendre Véies, de voir, sans y intervenir, la soumission des Sabins, des Latins et des Osques, et cependant servant de rempart à ce cruel rival contre les ennemis qui les dévoraient eux-mêmes.

  1. (1) « Les Tarquiniens semblent avoir même un moment rallié contre les Romains, renégats de l’Étrurie, jusqu’aux villes libérales : Clusium, par exemple. — Liv., I : « Incensus Tarquinius non dolore solum tantæ ad irritum cadentis spei, sed etiam odio iraque... bellum aperte moliendum ratus, circumire supplex Etruriæ urbes ; orare maxime Veientes Tarquiniensesque, ne se ortum ejusdem sanguinis... perire sinerent. »
  2. (2) O. Muller, ouvr. cité, p. 165. — Cet auteur fait très bien ressortir la nécessité où se trouvèrent les Étrusques, par suite de l’invasion gallique, de tolérer les agrandissements de Rome. Il les montre forcés de laisser prendre Véies, de voir, sans y intervenir, la soumission des Sabins, des Latins et des Osques, et cependant servant de rempart à ce cruel rival contre les ennemis qui les dévoraient eux-mêmes.