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de ses murailles ses dominateurs, et, avec eux, cette partie du sénat qui, bien que née dans la cité, parlait la langue des maîtres et se vantait d’être de leur parentage. De cette façon, l’élément tyrrhénien disparut à peu près de sa colonie, et n’y exerça plus qu’une simple influence morale. À dater de cette époque, Rome cesse d’être un instrument dirigé par la politique étrusque contre l’indépendance des autres nations italiotes. La cité entre dans une phase où elle va vivre pour elle-même. Ses rapports avec ses fondateurs tourneront désormais au profit de sa grandeur et de sa gloire, et cela d’une façon que ceux-ci n’avaient certainement jamais soupçonnée.


CHAPITRE VI.

Rome italiote.

J’ai déjà indiqué que, si l’aristocratie étrusque avait conservé sa prépondérance dans la Péninsule, il ne serait arrivé rien autre que ce qui s’est produit dans le monde sous le nom de Rome. Tarquinii aurait absorbé à la longue les indépendances des autres villes fédérées, et, ses éléments de pression sur les peuples voisins, comme sur ceux de l’Espagne, de la Gaule,



habiles de toutes les villes d’Étrurie : « Fabris undique ex Etruria accitis. » (Liv., I.) Ils avaient placé Rome à la tête de la confédération latine, détruite de fait par la chute d’Alba Longa. (Abeken, ouvr. cité, p. 52.) Ils avaient même augmenté cette confédération en y réunissant quarante-sept villes nouvelles, tant en deça qu’au delà du Tibre. (Ibidem.) Enfin, des cités telles que Circeii et Signia avaient été fondées, ou du moins agrandies par eux. Rome fit donc une très mauvaise affaire dès le premier moment où sa séparation d’avec Tarquinii fut consommée. L’œuvre entière de l’habileté tyrrhénienne s’écroula, du reste, en même temps. La confédération fut dissoute et le parti aristocratique très affaibli dans toute l’étendue de la domination étrusque. (O. Muller, ouvr. cité, p. 124.)