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ses fondateurs aristocratiques, comme à celui des réformateurs libéraux, était une espèce de camp ouvert à tous ceux qui cherchaient une patrie, et voulaient bien la prendre au sein de la négation de toutes les nationalités.

Mais l’arrivée de Mastarna, non moins que la réforme de Servius Tullius (1)[1], ne pouvaient être des faits indifférents à la réaction victorieuse. Les lucumons n’étaient pas disposés à souffrir qu’une ville fondée pour leur ouvrir le sud-ouest de l’Italie devînt une sorte de place d’armes aux mains de leurs ennemis intérieurs. Les nobles de Tarquinii se chargèrent d’étouffer l’esprit de sédition dans son dernier asile. Coryphées du parti qui avait créé la civilisation et la gloire nationales, ils en étaient restés les représentants ethniques les plus purs et les agents les plus vigoureux. Ils devaient à leurs relations plus constantes avec la Grèce et l’Asie Mineure de surpasser les autres Étrusques en richesse et en culture. C’était à eux d’achever la pacification en détruisant l’œuvre des niveleurs dans la colonie transtibérine.

Ils y parvinrent. La constitution de Servius Tullius fut renversée, l’ancien régime rétabli. La partie sabine du sénat et la population mélangée formant la plèbe rentrèrent dans leur état passif (2)[2], rôle où la pensée étrusque les avait toujours voulu contenir, et les Tarquiniens se proclamèrent les arbitres suprêmes et les régulateurs du gouvernement restauré. Ce fut ainsi que le libéralisme vit se fermer son dernier asile (3)[3].



(1) L’origine latine de Servius, l’usurpation par laquelle il succédait à la dynastie étrusque, la façon dont il flattait les intérêts populaires le rendaient très propre à rallier et à protéger toutes les idées hostiles à la suprématie tyrrhénienne. (Dionys. Halic., 4, I-XL.)

(2) Dionys. Halic., Antiq. Rom., XLII, XLIII. — Le sénat fut renouvelé, et les pères nommés par Tullius, chassés. Les plébéiens rentrèrent dans leur condition de nullité primitive.

(3) À ce moment, le parti qui conduisait les affaires à Tarquinii se trouva très fort dans tout le nomen etruscum. Il tenait, d’un côté, sa capitale et Rome, puis Veies, Cæræ, Gabii, Tusculum, Antium, et, au sud, s’appuyait sur les sympathies de Cumes, colonie hellénique qui ne pouvait pas voir sans plaisir des efforts si soutenus pour maintenir la civilisation sémitisée dans la Péninsule. (Abeken, ouvrage cité, p. 24.)

  1. (1) L’origine latine de Servius, l’usurpation par laquelle il succédait à la dynastie étrusque, la façon dont il flattait les intérêts populaires le rendaient très propre à rallier et à protéger toutes les idées hostiles à la suprématie tyrrhénienne. (Dionys. Halic., 4, I-XL.)
  2. (2) Dionys. Halic., Antiq. Rom., XLII, XLIII. — Le sénat fut renouvelé, et les pères nommés par Tullius, chassés. Les plébéiens rentrèrent dans leur condition de nullité primitive.
  3. (3) À ce moment, le parti qui conduisait les affaires à Tarquinii se trouva très fort dans tout le nomen etruscum. Il tenait, d’un côté, sa capitale et Rome, puis Veies, Cæræ, Gabii, Tusculum, Antium, et, au sud, s’appuyait sur les sympathies de Cumes, colonie hellénique qui ne pouvait pas voir sans plaisir des efforts si soutenus pour maintenir la civilisation sémitisée dans la Péninsule. (Abeken, ouvrage cité, p. 24.)