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ont des principes jaunes ; deux encore contiennent l’élément blanc pris à la branche chamitique, et donc extrêmement affaibli ; trois le possèdent emprunté au rameau sémitique, deux autres au rameau arian ; trois, enfin, réunissent les deux dernières sources. J’en tire les conséquences suivantes :

Le principe blanc, en général, domine, et l’essence ariane y partage l’influence avec la sémitique, attendu que les invasions des Arians Hellènes, ayant été les plus nombreuses, ont formé le fond de la population nationale. Toutefois l’abondance du sang sémitique est telle, sur certains points en particulier, que l’on ne peut refuser à ce sang une action marquée, et c’est à lui qu’appartient une initiative tempérée par l’action ariane appuyée du contingent jaune. Il va sans dire que ce jugement a pour objet la Grèce méridionale, la Grèce de l’Attique, du Péloponèse, des colonies, la Grèce artiste et savante. Au nord, les éléments mélaniens sont presque nuls. Aussi, dans les siècles rapprochés de la guerre de Troie, ces régions excitèrent, beaucoup moins que les contrées asiatiques, les préoccupations des Grecs du sud.

C’est que, en effet, à ces époques, et vers le temps où Hérodote écrivait, la Grèce était elle-même un pays asiatique, et la politique qui l’intéressait le plus s’élaborait à la cour du grand roi. Tout ce qui avait trait à l’intérieur, agrandi, ennobli à nos yeux par l’admirable manière dont le souvenir nous en a été conservé, n’était pourtant que très secondaire en comparaison des faits extérieurs dont les ressorts restaient aux mains des Perses.

Depuis que l’Égypte était tombée au rang de province ralliée aux États achéménides, il n’y avait plus dans le monde occidental deux civilisations comme jadis. L’antagonisme de l’Euphrate et du Nil avait cessé ; plus rien d’assyrien, plus rien d’égyptien, et, en place, un compromis auquel je ne trouve d’autre nom que celui d’asiatique. Cependant la grande place y appartenait encore au principe assyrien. Les Perses, trop peu nombreux, n’avaient pas transformé ce principe, ne l’avaient pas même renouvelé. Leur bras s’était trouvé assez fort pour lui donner une impulsion que les dynasties chaldéennes n’avaient