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purement rasènes que par ce fait intime, très important d’ailleurs, que le gros de sa population, autrement composé, avait beaucoup plus de vigueur et de turbulence (1)[1].

Les plébéiens n’y ressemblaient nullement à la masse pacifique et molle jadis soumise par les Tyrrhéniens, sans quoi les colonisateurs, plus heureux, auraient obtenu de leurs savantes combinaisons les résultats qu’ils s’en promettaient. Il y avait un élément de trop dans cette population plébéienne, qu’on avait si fort mélangée, peut-être avec l’intention de la rendre faible par le défaut d’homogénéité. Si ce calcul présida, en effet, au mode de recrutement adopté pour elle, on peut dire que les précautions de la politique étrusque allèrent tout à fait contre leur espoir de s’assurer une domination plus facile. Ce fut précisément ce qui inculqua dans le jeune établissement les premiers instincts d’émancipation, les premiers germes et mobiles de grandeur future, et cela par une voie si particulière, si bizarre, qu’un fait analogue ne s’est pas présenté deux fois dans l’histoire.

Au milieu du concours de gens sans aveu, de toutes tribus, appelés à devenir les habitants de la ville, on avait des Sicules. Cette nation métisse et errante possédait partout des représentants. Plusieurs des villes de l’Étrurie en comptaient en majorité dans leur plèbe ; des parties entières du Latium en étaient couvertes ; le pays sabin en renfermait des multitudes. Ces gens-là furent, en quelque sorte, le fil conducteur qui amena l’élément hellénique, plus ou moins sémitisé, dans la nouvelle fondation. Ce furent eux qui, en mêlant leur idiome au sabin, créèrent le latin proprement dit, commencèrent à lui donner une forte teinture grecque, et opposèrent ainsi l’obstacle



sans doute, au culte officiel seulement ; car il est bien probable que les gens de races si diverses qui peuplaient Rome avaient conservé, dans l’intérieur de leurs maisons, leurs divinités nationales. Ainsi se prépara la vaste confusion des cultes qui devait avoir lieu au sein de Rome impériale.

(1) Virg., Georg., II, 167 :

Hæc genus acre virum Marsos, pubesque Sabellam,
Adsuetumque malo Ligurem, Volscosque verutos
Extulit.


  1. (1) Virg., Georg., II, 167 :
    Hæc genus acre virum Marsos, pubesque Sabellam,
    Adsuetumque malo Ligurem, Volscosque verutos
    Extulit.