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continuer leurs progrès. Apercevant du côté du sud les éclatants foyers de lumières que la colonisation grecque y avait allumés dans tant de cités magnifiques, c’était là que les confédérations tyrrhéniennes cherchaient surtout à s’étendre. Elles y trouvaient l’avantage de se mettre dans un rapport plus direct que par la voie de mer avec la civilisation la plus parente. Les lucumons avaient déjà porté les efforts de leurs armes vers la Campanie. Ils y avaient pénétré assez loin dans l’est. À l’ouest, ils s’étaient arrêtés au Tibre.

Désormais ils souhaitaient de franchir ce fleuve, ne fût-ce que pour se rapprocher du détroit, où Cumes les attirait tout autant que Vulturnum.

Ce n’était pas une entreprise facile. La rive gauche était longée par le territoire des Latins, peuple de la confédération sabine. Ces hommes avaient prouvé qu’ils étaient capables d’une résistance trop vigoureuse pour qu’on pût les déposséder à force ouverte. On préféra, avant de s’engager dans des hostilités sans issue, user de ces moyens à demi pacifiques, familiers à tous les peuples civilisés avides du bien d’autrui (1)[1].

Deux aventuriers latins, bâtards, disait-on, de la fille d’un chef de tribu, furent les instruments dont s’arma la politique rasène. Romulus et Rémus, c’étaient leurs noms, accostés de conseillers étrusques et d’une troupe de colons de la même nation, s’établirent dans trois bourgades obscures, déjà existantes sur la rive gauche du Tibre (2)[2], non pas au bord de la mer, on ne voulait pas faire un port ; non pas sur le cours supérieur du



(1) Les populations italiotes tenaient beaucoup à ce que les Étrusques ne passassent pas le fleuve. Il y avait eu un traité entre les Latins et les Tyrrhéniens qui en stipulait la défense : « Pax ita convenerat ut Etruscis Latinisque fluvius Albula, quem nunc Tiberim vocant, finis esset. » (Liv. I, 12.)

(2) Qui mérita dès lors le nom de Tuscum Tiberim que lui donne Virgile (Georg., I, 499). — Suivant toute probabilité, les deux jumeaux se cantonnèrent sur l’Aventin, à côté d’une bourgade peuplée de Latins, prisci Latini, qui occupait, antérieurement, le Janicule. (Abeken, Mittel-Italien vor der Zeit der rœmischen Herrschaft, p. 70.) — Un autre établissement latin couronnait le sommet du Palatin. — Des Étrusques prirent possession plus tard du mons Cœlius. (Ibidem. — Tac., Ann., IV, 65.)

  1. (1) Les populations italiotes tenaient beaucoup à ce que les Étrusques ne passassent pas le fleuve. Il y avait eu un traité entre les Latins et les Tyrrhéniens qui en stipulait la défense : « Pax ita convenerat ut Etruscis Latinisque fluvius Albula, quem nunc Tiberim vocant, finis esset. » (Liv. I, 12.)
  2. (2) Qui mérita dès lors le nom de Tuscum Tiberim que lui donne Virgile (Georg., I, 499). — Suivant toute probabilité, les deux jumeaux se cantonnèrent sur l’Aventin, à côté d’une bourgade peuplée de Latins, prisci Latini, qui occupait, antérieurement, le Janicule. (Abeken, Mittel-Italien vor der Zeit der rœmischen Herrschaft, p. 70.) — Un autre établissement latin couronnait le sommet du Palatin. — Des Étrusques prirent possession plus tard du mons Cœlius. (Ibidem. — Tac., Ann., IV, 65.)