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constitution ethnique lui permettait d’emprunter à la race des Hellènes, exploitant les richesses que lui valaient ses travaux utiles et sa puissance territoriale, au profit des arts d’agrément, bien que, dans une mesure toute d’imitation (1)[1], livrée à un grand luxe, à un vif entraînement sensuel vers les plaisirs de tout genre, la nation étrusque faisait honneur à l’Italie, et semblait n’avoir à craindre pour la perpétuité de sa puissance que le défaut essentiel d’une constitution fédérative et la pression des grandes masses de peuples celtiques, dont l’énergie pouvait un jour, dans le nord, lui porter de terribles coups.

Si ce dernier péril avait existé seul, il est probable qu’il eût été combattu avec avantage, et qu’après quelques essais d’invasion vigoureusement déjoués, les Celtes de la Gaule auraient été contraints de plier sous l’ascendant d’un peuple plus intelligent.

La variété étrusque formait certainement, prise en masse, une nation supérieure aux Kymris, puisque l’élément jaune y était ennobli par la présence d’alliages, sinon toujours meilleurs en fait, du moins plus avancés en culture. Les Celtes n’auraient donc eu d’autre instrument que leur nombre. Les Étrusques, déjà en voie de conquérir la Péninsule entière, avaient assez de forces pour résister, et auraient facilement rembarré les assaillants dans les Alpes. On aurait vu alors s’accomplir, et beaucoup plus tôt, ce que les Romains firent ensuite. Toutes les nations italiotes, enrôlées sous les aigles étrusques, eussent franchi, quelques siècles avant César, la limite des montagnes, et un résultat d’ailleurs semblable à celui qui eut lieu, puisque les éléments ethniques se seraient trouvés les mêmes, eût seulement avancé l’heure de la conquête et de la colonisation des Gaules. Mais cette gloire n’était pas réservée à un peuple qui devait laisser échapper de son propre sein un germe fécond dont l’énergie lui porta bientôt la mort.

Les Étrusques, pleins du sentiment de leur force, voulaient



(1) Voir, pour les détails des rapports intellectuels des Tyrrhéniens avec les Grecs, Niebuhr, Rœm. Geschichte, t. I, p. 88.

  1. (1) Voir, pour les détails des rapports intellectuels des Tyrrhéniens avec les Grecs, Niebuhr, Rœm. Geschichte, t. I, p. 88.