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en couvrant l’homme de bruyantes injures et d’outrages déclarés.

La notion étrusque, toute différente, aurait sévèrement réprimé chez Aristophane les attaques contre Cléon, chef de l’État, ou contre Lamachus, général de l’armée. Elle jugeait la personne même du représentant de la loi comme tellement sacrée, que le caractère auguste des fonctions publiques ne s’en séparait pas, ne pouvait en être distrait. J’insiste sur ce point, car cette vénération fut la source de la vertu que plus tard, on admira, à juste titre, chez les Romains.

Dans ce système, on admet que le pouvoir est, de soi, si salutaire et si vénérable, qu’il impose un caractère en quelque sorte indélébile à celui qui l’exerce ou l’a exercé. On ne croit pas que l’agent de la puissance souveraine redevienne jamais l’égal du vulgaire. Parce qu’il a participé au gouvernement des peuples, il reste à jamais au-dessus d’eux. Reconnaître un tel principe, c’est placer l’État dans une sphère d’éternelle admiration, donner une récompense incomparable aux services qu’on lui rend, et en proposer l’exemple aux émulations les plus nobles. Ainsi on n’accepte jamais qu’il soit loisible d’ouvrir, même respectueusement, la robe du juge, pour frotter de boue le cœur de celui qui la porte, et l’on pose une infranchissable barrière devant les emportements de cette prétendue liberté, avide de déshonorer qui commande, pour arriver d’un pas plus sûr à déshonorer le commandement même.

La nation étrusque, riche de son agriculture et de son industrie, agrandie par ses conquêtes, assise sur deux mers, commerçante, maritime (1)[1], recevant, par Tarquinii et par les frontières du sud, tous les avantages intellectuels que sa



(1) Les Tyrrhéniens exerçaient en grand la piraterie, et mirent en mer des flottes assez considérables pour lutter contre les villes grecques. Les Massaliotes n’osaient, à cause d’eux, traverser les mers occidentales qu’avec des convois armés. (Niebuhr, Rœm. Geschichte, t. I, p. 84.) L’Étrurie avait conclu avec Carthage des traités de navigation et de commerce qui portaient encore leur plein effet au temps d’Aristote, vers 430 de Rome. (Ibid., p. 85.)

  1. (1) Les Tyrrhéniens exerçaient en grand la piraterie, et mirent en mer des flottes assez considérables pour lutter contre les villes grecques. Les Massaliotes n’osaient, à cause d’eux, traverser les mers occidentales qu’avec des convois armés. (Niebuhr, Rœm. Geschichte, t. I, p. 84.) L’Étrurie avait conclu avec Carthage des traités de navigation et de commerce qui portaient encore leur plein effet au temps d’Aristote, vers 430 de Rome. (Ibid., p. 85.)