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cette heureuse immixtion alluma l’âme qui les fit marcher, et le flambeau qui, en les éclairant, les conduisit à associer leur existence au reste du monde.

Deux cent cinquante ans avant la fondation de Rome (1)[1], des bandes pélasgiques sémitisées pénétrèrent en Italie par la voie de mer, et ayant fondé, au milieu des Étrusques conquis et domptés, la ville de Tarquinii, en firent le centre de leur puissance. De là ils s’étendirent, de proche en proche, sur une très grande partie de la Péninsule.

Ces civilisateurs, appelés plus particulièrement Tyrrhéniens ou Tyrséniens, venaient de la côte ionienne, où ils avaient appris beaucoup de choses des Lydiens, auxquels ils s’étaient alliés (2)[2]. Ils apparurent aux yeux des Rasènes couverts d’armures d’airain, animant les combats du son des trompettes, ayant les flûtes pour égayer leurs banquets, et important une forme et des éléments de société inconnus partout ailleurs qu’en Asie et en Grèce, où les Sémites en avaient introduit de semblables.

Au lieu d’imiter les constructions puissantes, mais grossières, des populations italiotes, les nouveaux venus, plus habiles parce qu’ils étaient métis de nations plus cultivées, apprirent à leurs sujets à bâtir sur les hauteurs, sur les crêtes de montagnes, des villes fortifiées avec un art tout nouveau, des refuges inexpugnables, aires redoutées, d’où la domination planait sur les contrées environnantes (3)[3]. Les premiers dans l’Occident, ils



(1) Cette date est celle d’O. Muller. Abeken reporte l’arrivée des Tyrrhéniens à l’an 290 avant Rome. (Abeken, Mittel-Italien vor der Zeit der rœmischen Herrschaft, p. 23.)

(2) Les peintures étrusques montrent ces Tyrrhéniens comme ayant parfaitement le type blanc. Ils ressemblent aux Celtes et aux Grecs, et cette ressemblance est d’autant plus saillante que l’on voit mêlés à eux les anciens Rasènes avec leurs statures et leurs visages de métis finnois. (Abeken, ouvr. cité, tabl. IX et X.) Dans le n° 7 de la tabl. VII on peut constater la fusion des deux types.

(3) Ce fut probablement le genre de mérite qui éclata le plus en eux, et leur valut le surnom de Tyrrhéniens, dont la racine semble se trouver dans le mot turs, tour, fortitication, et dériver primitivement de tur ou tor, élévation, montagne. — On pourrait, du reste, tirer ainsi des habitudes architecturales des différentes populations pélasgiques

  1. (1) Cette date est celle d’O. Muller. Abeken reporte l’arrivée des Tyrrhéniens à l’an 290 avant Rome. (Abeken, Mittel-Italien vor der Zeit der rœmischen Herrschaft, p. 23.)
  2. (2) Les peintures étrusques montrent ces Tyrrhéniens comme ayant parfaitement le type blanc. Ils ressemblent aux Celtes et aux Grecs, et cette ressemblance est d’autant plus saillante que l’on voit mêlés à eux les anciens Rasènes avec leurs statures et leurs visages de métis finnois. (Abeken, ouvr. cité, tabl. IX et X.) Dans le n° 7 de la tabl. VII on peut constater la fusion des deux types.
  3. (3) Ce fut probablement le genre de mérite qui éclata le plus en eux, et leur valut le surnom de Tyrrhéniens, dont la racine semble se trouver dans le mot turs, tour, fortitication, et dériver primitivement de tur ou tor, élévation, montagne. — On pourrait, du reste, tirer ainsi des habitudes architecturales des différentes populations pélasgiques certains noms encore, ou, au rebours, faire sortir ceux des nations de leur façon de se loger. Oppidum, le bourg ouvert, serait en corrélation intime avec les habitudes des Opsci, des Osques, et arx, la forteresse fermée, avec celui des Argiens. Abeken, ouvr. cité, p. 128-135.)