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réelle et partout la même, sauf des nuances correspondantes aux nuances ethniques découlant des hymens, sporadiquement contractés, entre des groupes issus des deux rameaux blanc et jaune.

Les Tyrrhéniens asiatiques vinrent troubler cette organisation sans éclat, et aider les colons de la Grande-Grèce dans la tâche de rallier l’Europe à la civilisation adoptée par les peuples de l’est de la Méditerranée (1)[1].



(Niebuhr veut dire en France). Elle s’appuie de myriades de récits de voyageurs soigneusement recueillis par ces soi-disant philosophes. Mais ils n’ont pas pris garde qu’il n’existe pas un seul exemple d’un peuple véritablement sauvage qui soit passé librement à la civilisation, et que, là où la culture sociale a été imposée du dehors, elle a eu pour résultat la disparition du groupe opprimé, comme on l’a vu, récemment, pour les Natticks, les Guaranis, les tribus de la Nouvelle-Californie, et les Hottentots des Missions. Chaque race humaine a reçu de Dieu son caractère, la direction qu’elle doit suivre et son empreinte spéciale. De même, encore, la société existe avant l’homme isolé, comme le dit très sagement Aristote ; le tout est antérieur à la partie et les auteurs du système du développement successif de l’humanité ne voient pas que l’homme bestial n’est qu’une créature dégénérée ou originairement un demi-homme. » (Rœm. Geschichte, t. I, p. 121.)

(1) Les médailles grecques de la plus ancienne époque présentent, ainsi que quelques statues qui sont venues jusqu’à nous, un type fort étrange complètement différent de la physionomie hellénique, et que l’on ne peut attribuer qu’aux anciens Pélasges. Le nez est long, droit et pointu, courbé en dedans, au milieu, de façon que l’extrémité se relève légèrement. Les pommettes sont un peu saillantes ; les yeux montrent une légère tendance à l’obliquité ; la bouche est grande, et affecte une sorte de sourire singulier qu’on pourrait dire impitoyable. La tête est oblongue, le front bas et assez fuyant, sans exclure une certaine ampleur des tempes. Il n’y a pas de doute que ce type est pélasgique. Son centre paraît avoir été dans la Samothrace et les pays environnants, à Thasos, Lete, Orreskia, Selybria. Les médailles de Thasos l’offrent uni à la représentation d’une scène phallique qui fait allusion, sans doute, à quelque tradition d’enlèvement et de violence analogue à celle dont les Pélasges Tyrrhéniens, chassés de l’Attique, se rendirent coupables envers les femmes hellènes d’Athènes au milieu du XIIe siècle avant J.-C. On le contemple sur les vieilles monnaies de la ville de Minerve, sur celles d’Égine, d’Arcadie, d’Argos, de Potidée, de Pharsale  ; puis, en Asie, sur celles de Gergitus, de Mysie, d’Harpagia, de Lampsaque  ; enfin, en Italie, sur celles de Velia ; en Sicile, sur celles

  1. (1) Les médailles grecques de la plus ancienne époque présentent, ainsi que quelques statues qui sont venues jusqu’à nous, un type fort étrange complètement différent de la physionomie hellénique, et que l’on ne peut attribuer qu’aux anciens Pélasges. Le nez est long, droit et pointu, courbé en dedans, au milieu, de façon que l’extrémité se relève légèrement. Les pommettes sont un peu saillantes ; les yeux montrent une légère tendance à l’obliquité ; la bouche est grande, et affecte une sorte de sourire singulier qu’on pourrait dire impitoyable. La tête est oblongue, le front bas et assez fuyant, sans exclure une certaine ampleur des tempes. Il n’y a pas de doute que ce type est pélasgique. Son centre paraît avoir été dans la Samothrace et les pays environnants, à Thasos, Lete, Orreskia, Selybria. Les médailles de Thasos l’offrent uni à la représentation d’une scène phallique qui fait allusion, sans doute, à quelque tradition d’enlèvement et de violence analogue à celle dont les Pélasges Tyrrhéniens, chassés de l’Attique, se rendirent coupables envers les femmes hellènes d’Athènes au milieu du XIIe siècle avant J.-C. On le contemple sur les vieilles monnaies de la ville de Minerve, sur celles d’Égine, d’Arcadie, d’Argos, de Potidée, de Pharsale  ; puis, en Asie, sur celles de Gergitus, de Mysie, d’Harpagia, de Lampsaque  ; enfin, en Italie, sur celles de Velia ; en Sicile, sur celles de Syracuse ; peut-être même, en Espagne, sur une médaille d'argent d'Obulco. Tous ces pays, sauf le dernier, ont été historiquement occupés par des populations soit aborigènes, soit immigrées, appartenant aux groupes pélasgiques, et toutes les médailles dont il est ici question et qui tranchent, de la manière la plus frappante, la plus impossible à méconnaître, avec le caractère hellénique, qui n'ont rien de commun avec sa régularité, sa beauté, appartiennent toutes à la plus ancienne époque. Certaines sculptures en Sicile, remarquables par leur laideur, s'y peuvent rapporter ; mais ce qui ne laisse pas le moindre doute sur cette corrélation, ce sont les statues du fronton d'Égine et quelques figures italiotes antéromaines. — Cabinet de S. E. M. le général baron de Prokesch-Osten.