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spéciales (1)[1]. Pour expliquer ce concours de tant de nationalités sur une péninsule étroite et presque séparée du monde, il est besoin de ne jamais perdre de vue quelles perturbations énormes les agitations des peuples finnois amenaient dans les parties septentrionales du continent. Les guerriers arrivés de la Thessalie et de la Macédoine dans les parages de l’Acarnanie avaient été les victimes directes des dépossessions répétées de proche en proche, et, de même, les Chamites noirs et les Sémites venus de l’est et du sud fuyaient devant des événements analogues, et abandonnaient, pour aller chercher fortune en Grèce, leurs territoires, devenus domaines des invasions hébraïques ou arabes, en un mot, chaldéennes de différentes dates.

Ces armées de fugitifs rejetés, le glaive à la main, dans le Péloponèse, l’Attique, l’Argolide, la Béotie, l’Arcadie, s’y heurtaient les unes contre les autres et s’y livraient bataille. Il résultait encore de ces nouveaux conflits de nouveaux vaincus et de nouveaux vainqueurs, des tribus asservies, d’autres chassées, de sorte que, après le combat, des cohues tumultueuses repartaient, soit pour se diriger vers l’ouest et gagner la Sicile, l’Italie, l’Illyrie, soit pour retourner sur la côte asiatique et y chercher une fortune meilleure (2)[2]. L’Hellade ressemblait à un de ces abîmes profonds creusés dans le lit des fleuves, où les eaux, pressées par le courant, se précipitent en lourdes masses et ressortent en tourbillons.

Pas de repos, pas de trêve. Les temps héroïques sont à peine ouverts, l’épopée balbutie ses plus obscurs récits, et, dédaigneuse des hommes, remarque les dieux seuls, que déjà les expulsions violentes, les dépossessions de tribus entières, les



(1) Cet état d’antagonisme ne prit jamais fin. Il continua à être représenté par l’existence d’innombrables dialectes. — Inutile de rappeler que la classification en quatre branches, ionique, dorique, éolique et attique, est une œuvre artificielle des grammairiens et ne reproduit nullement un état de choses dans lequel chaque petite subdivision de territoire avait, à tout le moins, des idiotismes qui lui étaient absolument propres. (Grote, t. I, p. 318.)

(2) La race de Dardanus et de Teucer, une de celles qui portèrent l’élément arian-hellénique dans la Troade, fut dans ces derniers.

  1. (1) Cet état d’antagonisme ne prit jamais fin. Il continua à être représenté par l’existence d’innombrables dialectes. — Inutile de rappeler que la classification en quatre branches, ionique, dorique, éolique et attique, est une œuvre artificielle des grammairiens et ne reproduit nullement un état de choses dans lequel chaque petite subdivision de territoire avait, à tout le moins, des idiotismes qui lui étaient absolument propres. (Grote, t. I, p. 318.)
  2. (2) La race de Dardanus et de Teucer, une de celles qui portèrent l’élément arian-hellénique dans la Troade, fut dans ces derniers.