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gallois, et mourir, mori, breton marheuein. Je terminerai par penates, qui n’a pas d’étymologie ailleurs qu’en celtique (1)[1] : ce mot ne se dérive d’une manière simple et complètement satisfaisante que du gallois penaf, qui veut dire élevé, et qui a pour superlatif penaeth, très élevé, le plus élevé (2)[2].

On pourrait étendre ces exemples bien loin. Les trois cents mots allégués par le cardinal Maï, au tome V de sa collection des classiques édités sur les manuscrits du Vatican, seraient dépassés. Cependant c’en est assez, j’en ai la confiance, pour fixer toute indécision (3)[3]. On peut choisir des verbes tout aussi



(1) Rien ne le saurait mieux prouver que la lecture du passage où Denys d’Halicarnasse à trouver à cette dénomination ethnologique un sens qui lui échappe, malgré tous ses efforts, ainsi qu’à ses commentateurs. (C. XLVII.)

(2) J’aurais pu de même et, peut-être dû donner une liste semblable pour les Kymris Grecs, et montrer le grand nombre de mots celtiques demeurés dans les dialectes de l’Hellade ; mais ce soin me paraît superflu. Je me borne à renvoyer le lecteur au vocabulaire de M. Keferstein (Ansichten, etc., t. II, p. 3)  ; il ne contient pas moins de soixante pages, et, bien que plusieurs mots gréco-gallois ou gréco-bretons y soient évidemment d’importation très moderne, le fond est décisif et présente un tableau plus curieux encore, s’il est possible, que ce qui résulte de la comparaison que je fais ici.

(3) Je ne saurais cependant passer sous silence les noms de nombre :

nn               latins :              celtiques :
1. unus, un, aon.
2. duo, dau.
3. tres, tri.
4. quatuor, ceither.
5. quinque, cinq.
6. sex, chuech.
7. septem, saith.
8. octo, ochd.
9. novem, naw.
10. decem, deich.

Enfin, je ne ferai plus qu’une dernière observation : des liens généraux paraissent avoir uni assez étroitement les langues primitives de toute l’Europe occidentale, quelque différents que se présentent, aujourd’hui, l’un de l’autre, l’ibère, l’étrusque, les dialectes italiotes et les kymriques. On a vu que des règles analogues s’appliquent, dans toutes ces langues, à la permutation des consonnes. Il faut ajouter qu’elles pratiquaient, avec une égale facilité, le renversement des syllabes,

  1. (1) Rien ne le saurait mieux prouver que la lecture du passage où Denys d’Halicarnasse à trouver à cette dénomination ethnologique un sens qui lui échappe, malgré tous ses efforts, ainsi qu’à ses commentateurs. (C. XLVII.)
  2. (2) J’aurais pu de même et, peut-être dû donner une liste semblable pour les Kymris Grecs, et montrer le grand nombre de mots celtiques demeurés dans les dialectes de l’Hellade ; mais ce soin me paraît superflu. Je me borne à renvoyer le lecteur au vocabulaire de M. Keferstein (Ansichten, etc., t. II, p. 3)  ; il ne contient pas moins de soixante pages, et, bien que plusieurs mots gréco-gallois ou gréco-bretons y soient évidemment d’importation très moderne, le fond est décisif et présente un tableau plus curieux encore, s’il est possible, que ce qui résulte de la comparaison que je fais ici.
  3. (3) Je ne saurais cependant passer sous silence les noms de nombre :
    nn               latins :              celtiques :
    1. unus, un, aon.
    2. duo, dau.
    3. tres, tri.
    4. quatuor, ceither.
    5. quinque, cinq.
    6. sex, chuech.
    7. septem, saith.
    8. octo, ochd.
    9. novem, naw.
    10. decem, deich.

    Enfin, je ne ferai plus qu’une dernière observation : des liens généraux paraissent avoir uni assez étroitement les langues primitives de toute l’Europe occidentale, quelque différents que se présentent, aujourd’hui, l’un de l’autre, l’ibère, l’étrusque, les dialectes italiotes et les kymriques. On a vu que des règles analogues s’appliquent, dans toutes ces langues, à la permutation des consonnes. Il faut ajouter qu’elles pratiquaient, avec une égale facilité, le renversement des syllabes, si familier au latin et qu’on retrouve dans la manière d’écrire indifféremment Pratica ou Patrica, nom d’une ville aborigène, Lanuvium ou Lavinium, Agendicum ou Agedincum. Les dialectes slaves ne sont pas moins aptes que les celtiques à cette évolution.