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parenté avec la tribu honteusement abrutie de ces noirs purs qui, maîtres dépossédés du Chanaan, erraient dans les buissons et hantaient les cavernes de Seïr. Mais la vraisemblance n’en est pas grande, et je ne crois pas qu’il faille soit confondre le nom d’Inachus avec le mot Anak, soit, si l’on ne peut éviter ce rapport, y trouver un sens plus profond qu’une pure similitude de syllabes. C’est ainsi que, pour le mot Kabl, (en arabe) fréquent dans la composition des noms arabes, on aurait le plus grand tort de chercher le père de qui le porte parmi les individus de l’espèce canine (1)[1].

Les colonies venues du sud et de l’est se composaient donc exclusivement de Chamites noirs et de Sémites différemment mélangés. Le degré de civilisation de chacune d’elles n’était pas moins nuancé, et les variétés de sang, créées par ces invasions dans les pays grecs, furent infinies.

Aucune contrée ne présente, aux époques primitives, plus de traces de convulsions ethniques, de déplacements subits et d’immigrations multipliées. On y venait par troupes de tous les coins de l’horizon, et souvent pour ne faire que passer ou se voir tellement assailli, que force était de se confondre aussitôt parmi les vainqueurs et de perdre son nom. Tandis que, à tout moment, des bandes saturées de noir accouraient soit des îles, soit du continent d’Asie, d’autres populations mêlées d’éléments jaunes, des Slaves, des Celtes, descendaient du nord sous mille dénominations imprégnées d’idées toutes



(1) Le chananéen (chananéen) anak, qui signifie un homme remarquable par l’élévation de la taille et la longueur du cou, c’est-à-dire un géant ou un homme fort, et de là un maître, est la véritable racine de ce nom ou plutôt de ce titre d’Inachus, considéré ensuite comme un appellatif, ainsi qu’on a fait de Brennus, de Boiorix, de Vercingétorix et de tant d’autres mots du même genre. Les Grecs sémitisés du sud l’ont fidèlement conservé dans le titre d'ἄναξ, donné aux dieux, principalement à Apollon, par Homère, et aux Dioscures, θέοι ἄνακες, puis aux chefs militaires. On peut aussi relever, comme une trace, entre tant d’autres, de l’énorme influence des Sémites sur l’esprit grec que (hébreu), anér, désignation que se donnaient les Chananéens, est l’étymologie de ἀνήρ qui, pour les contemporains de Périclès, voulait dire un homme, vir. (Bœttiger, t. I, p. 206.)

  1. (1) Le chananéen (chananéen) anak, qui signifie un homme remarquable par l’élévation de la taille et la longueur du cou, c’est-à-dire un géant ou un homme fort, et de là un maître, est la véritable racine de ce nom ou plutôt de ce titre d’Inachus, considéré ensuite comme un appellatif, ainsi qu’on a fait de Brennus, de Boiorix, de Vercingétorix et de tant d’autres mots du même genre. Les Grecs sémitisés du sud l’ont fidèlement conservé dans le titre d'ἄναξ, donné aux dieux, principalement à Apollon, par Homère, et aux Dioscures, θέοι ἄνακες, puis aux chefs militaires. On peut aussi relever, comme une trace, entre tant d’autres, de l’énorme influence des Sémites sur l’esprit grec que (hébreu), anér, désignation que se donnaient les Chananéens, est l’étymologie de ἀνήρ qui, pour les contemporains de Périclès, voulait dire un homme, vir. (Bœttiger, t. I, p. 206.)