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d’une signification géographique, ce qui n’est pas dénué d’utilité pour élaborer l’éclaircissement de la question de race. Mais là s’arrêtent les services qu’il faut en attendre. Si ce n’est pas beaucoup, encore est-ce quelque chose.

En Grèce, les populations pélasgiques jouent le rôle d’opprimées, d’abord devant les colonisateurs sémites, ensuite devant les émigrants arians-hellènes. Il ne faut pas surfaire le malheur de ces victimes : la sujétion qu’on leur imposait avait des bornes (1)[1]. Dans son étendue la plus grande, elle s’arrêtait au servage. L’aborigène vaincu et soumis devenait le manant du pays. Il cultivait la terre pour ses conquérants, il travaillait à leur profit. Mais, ainsi que le comporte cette situation, il restait maître d’une partie de son travail et conservait suffisamment d’individualité (2)[2]. Toute subordonnée qu’elle était, cette attitude valait mieux, à mille égards, que l’anéantissement civil auquel étaient réduites partout les peuplades jaunes. Puis, les Pélasges de la Grèce n’avaient pas été indistinctement asservis. Nous avons vu que la plupart des Sémites, puis des Arians Hellènes s’établirent sur l’emplacement des villages aborigènes, en conservèrent souvent les noms anciens, et s’allièrent avec les vaincus de manière à produite bientôt un nouveau peuple. Ainsi les Pélasges ne furent pas traités en sauvages. On les subordonna sans les annihiler. On leur accorda un rang conforme à la somme et au genre de connaissances et de richesses qu’ils apportaient dans la communauté.

Cette dot était certainement d’une nature grossière : les aptitudes et les produits agricoles en faisaient le fond. Le poète de ces aborigènes, qui est Hésiode, non pas comme issu de leur race, mais parce qu’il a surtout envisagé et célébré leurs travaux, nous les montre fort attachés aux emplois rustiques. Ces pasteurs sont également habiles à élever de grands murs, à bâtir des chambres funéraires, à amonceler des tumulus de terre d’une imposante étendue (3)[3]. Or, toutes ces œuvres, nous



(1) Voir plus haut.

(2) Voir plus haut.

(3) On ne doit pas oublier que ces constructions, formées de blocs entassés et encastrés l’un sur l’autre, d’après leurs formes naturelles,

  1. (1) Voir plus haut.
  2. (2) Voir plus haut.
  3. (3) On ne doit pas oublier que ces constructions, formées de blocs entassés et encastrés l’un sur l’autre, d’après leurs formes naturelles, n’ont rien de commun avec les édifices arians-helléniques, où les pierres sont taillées d’une façon régulière.