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couche des métis blancs, maîtres du pays depuis les Alpes jusqu’au détroit de Messine.

Elles se séparaient en plusieurs groupes qui comptaient plus ou moins de tribus. Les tribus, comme les groupes, portaient des noms distinctifs, et parmi ces noms le premier qui se montre, c’est, absolument comme dans la Grèce primitive, celui des Pélasges (1)[1]. À leur suite, les chroniqueurs amènent bientôt d’autres Pélasges sortis de l’Hellade, de sorte qu’aucun lieu ne saurait être mieux choisi et aucune occasion plus convenable pour examiner à fond ces multitudes qui, aux yeux des Grecs et des Romains, représentaient les sociétés primitivement cultivées, voyageuses et conquérantes de leur histoire.

La dénomination de Pélasge n’a pas de sens ethnique. Elle ne suppose pas une nécessaire identité d’origine entre les masses auxquelles on l’attribue (2)[2]. Il se peut que cette identité ait existé ; c’est même, dans certains cas, l’opinion plausible, mais assurément l’ensemble des Pélasges y échappe, et, par conséquent, le mot, en tant qu’indiquant une nationalité spéciale, est absolument sans valeur (3)[3].

Sous un certain point de vue cependant, il acquiert un mérite relatif. Tout ainsi que son synonyme aborigène, il n’a jamais été appliqué, par les annalistes anciens, qu’à des populations blanches ou à demi blanches, de la Grèce ou de l’Italie, que l’on supposait primitives (4)[4]. Il est donc pourvu, au moins,



(1) Mommsen, Die unter-italischen Dialekte, p. 206.

(2) Voir plus haut.

(3) Hérodote, parlant des Pélasges de Dodone, remarque qu’ils considéraient les dieux comme de simples régulateurs anonymes de l’univers, et nullement comme en étant les créateurs. C’est le naturalisme arian. Ces Pélasges semblent donc avoir été des Illyriens Arians, ce que n’étaient pas d’autres Pélasges. (Hérod., II, 52.)

(4) Abeken, Mittel-Italien vor der Zeit der rœmischen Herrschaft, p. 18 et 125 : « Si nous considérons cette race grecque primitive que l’Italie se partage avec l’Hellade, il est à remarquer qu’on la reconnaît sur les deux points, non seulement aux bases des deux langues, qui sont identiques, mais encore dans les plus anciens restes d’architecture. » — Voir encore même ouvrage, p. 82. — O. Muller, die Etrusker, p. 27 et 56. — Mommsen, Die unter-italischen Dialekte, p. 363. — Strabon, V, 2, 4.

  1. (1) Mommsen, Die unter-italischen Dialekte, p. 206.
  2. (2) Voir plus haut.
  3. (3) Hérodote, parlant des Pélasges de Dodone, remarque qu’ils considéraient les dieux comme de simples régulateurs anonymes de l’univers, et nullement comme en étant les créateurs. C’est le naturalisme arian. Ces Pélasges semblent donc avoir été des Illyriens Arians, ce que n’étaient pas d’autres Pélasges. (Hérod., II, 52.)
  4. (4) Abeken, Mittel-Italien vor der Zeit der rœmischen Herrschaft, p. 18 et 125 : « Si nous considérons cette race grecque primitive que l’Italie se partage avec l’Hellade, il est à remarquer qu’on la reconnaît sur les deux points, non seulement aux bases des deux langues, qui sont identiques, mais encore dans les plus anciens restes d’architecture. » — Voir encore même ouvrage, p. 82. — O. Muller, die Etrusker, p. 27 et 56. — Mommsen, Die unter-italischen Dialekte, p. 363. — Strabon, V, 2, 4.