Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/19

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On le sait : de bonne heure, et longtemps avant que les premières tribus des Arians Grecs, provenant du mélange des aborigènes avec les Titans, fussent descendues dans l’Attique et le Péloponèse, des émigrants chananéens avaient déjà conduit leurs barques vers ces plages. On ne croit plus guère aujourd’hui, et cela pour des raisons irréfragables, que parmi ces étrangers se soient trouvés des Égyptiens. Les gens de Misr ne colonisaient pas : ils restaient chez eux, et même, bornés longtemps à la possession du cours supérieur du Nil, ils ne sont descendus qu’assez tard jusqu’aux bords de la mer. La partie inférieure du Delta était occupée par des peuples de race sémitique ou chamitique. C’était le grand chemin des expéditions vers l’Afrique occidentale. Si donc, ce que je n’ai nul motif de contester, certaines bandes, venues pour peupler la Grèce, sont parties de ce point, ce n’étaient pas des Égyptiens : c’étaient des congénères de ces autres envahisseurs qui, de l’aveu commun, sont accourus en grand nombre de Phénicie. Tous les noms des anciens chefs d’États grecs primitifs, qui ne présentent pas une apparence aborigène, sont uniquement sémitiques : ainsi Inachus, Azéus, Phégée, Niobé, Agénor, Cadmus, Codrus. On cite une exception, deux au plus : Phoronée, que l’on rapproche du Phra égyptien, et Apis. Mais Phoronée est le fils d’Inachus, le frère de Phégée, le père de Niobé. On trouve ce héros, dans sa famille même, entouré de noms clairement sémitiques, et il ne serait pas plus difficile de découvrir au sien une racine de même espèce qu’il ne l’est de l’identifier avec Phra (1)[1].

On a rapproché le nom d’Inachus du mot Anak, dont M. de Ewald et d’autres hébraïsants ont fait ressortir l’importance ethnique. Si ce nom devait avoir, quant au premier roi de l’Argolide, une signification de race, il indiquerait une



(1) L’existence de colonies égyptiennes dans la Grèce primitive compte aujourd’hui beaucoup plus d’adversaires que de partisans. (Voir à ce sujet Pott, Encycl. Ersch u. Gruber, Indo-germanischer Sprachstamm, p. 23, et Grote, Hist. of Greece, t. I, p. 32.) — Ce dernier ne pense pas qu’avant le VIIe siècle il y ait eu des rapports suivis entre la Grèce et la terre des Pharaons.

  1. (1) L’existence de colonies égyptiennes dans la Grèce primitive compte aujourd’hui beaucoup plus d’adversaires que de partisans. (Voir à ce sujet Pott, Encycl. Ersch u. Gruber, Indo-germanischer Sprachstamm, p. 23, et Grote, Hist. of Greece, t. I, p. 32.) — Ce dernier ne pense pas qu’avant le VIIe siècle il y ait eu des rapports suivis entre la Grèce et la terre des Pharaons.