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aux maladies hystériques. De là, dans la hiérarchie religieuse de toutes les nations celtiques, ces druidesses, ces prophétesses qui, soit renfermées à jamais dans une tour solitaire, soit réunies en congrégations sur un îlot perdu dans l’océan du Nord, et dont l’abord était mortel pour les profanes, tantôt vouées à un éternel célibat, tantôt offertes à des hymens temporaires ou à des prostitutions fortuites, exerçaient sur l’imagination des peuples un prestige extraordinaire, et les dominaient surtout par l’épouvante.

C’est en employant de tels moyens que les prêtres, flattant la populace jaune de préférence aux classes moins dégradées, maintenaient leur pouvoir en l’appuyant sur des instincts dont ils avaient caressé et idéalisé les faiblesses. Aussi n’y a-t-il rien d’étrange à ce que la tradition populaire ait rattaché le souvenir des druides aux cromlechs et aux dolmens. La religion était de toutes les choses kymriques celle qui s’était mise le plus intimement en rapport avec les constructeurs de ces horribles monuments.

Mais ce n’était pas la seule. La grossièreté primitive avait pénétré de toutes parts dans les mœurs du Celte. Comme l’Ibère, comme l’Étrusque, le Thrace et le Slave, sa sensualité, dénuée d’imagination, le portait communément à se gorger de viandes et de liqueurs spiritueuses, simplement pour éprouver un surcroît de bien-être physique. Toutefois, disent les documents, cette habitude avait d’autant plus de prise sur le Gall qu’il se rapprochait davantage des basses classes[1]. Les chefs ne s’y abandonnaient qu’à demi. Dans le peuple, mieux assimilé aux populations esclaves, on rencontrait souvent des hommes qu’une constante ivrognerie avait conduits par degrés à un complet idiotisme. C’est encore de nos jours chez les nations jaunes que se trouvent les exemples les plus frap-

  1. Am. Thierry, Hist. des Gaulois, t. II, p. 62. — Il ne faut pas confondre cet amour de la débauche avec la puissance de consommation dont s’honoraient les Arians Hellènes et les Scandinaves. Pour ces derniers peuples, c’était uniquement un signe de force chez les héros. On ne voit nulle part d’allusion qui puisse indiquer que l’ivresse en fût le résultat et parût excusable.