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toutes les façons de perfectionner leur esprit. Les druides avilis s’en tenaient à des enseignements à jamais fermés et à des formes traditionnelles. Ils ne voulaient rien savoir au delà, ni surtout rien communiquer, et les terreurs dangereuses dont ils entouraient leurs sanctuaires, les périls matériels qu’ils accumulaient autour des forêts ou des landes qui leur servaient d’école, étaient moins rébarbatifs encore que les obstacles moraux apportés par eux à la pénétration de leurs connaissances. Des nécessités analogues à celles qui dégradèrent les sacerdoces chamitiques pesaient sur leur génie.

Ils craignaient l’usage de l’écriture. Leur doctrine entière était confiée à la mémoire. Bien différents des purohitas sur ce point capital, ils redoutaient tout ce qui aurait pu faire apprécier et juger leurs idées. Ils prétendaient, seuls de leurs nations, avoir les yeux ouverts sur les choses de la vie future. Forcés de reconnaître l’imbécillité religieuse des masses serviles, et plus tard des métis qui les entouraient, ils n’avaient pas pris garde que cette imbécillité les gagnait, parce qu’ils étaient des métis eux-mêmes. En effet, ils avaient omis ce qui aurait pu seul maintenir leur supériorité en face des laïques : ils ne s’étaient pas organisés en caste ; ils n’avaient pris nul soin de garder pure leur valeur ethnique. Au bout d’un certain temps, la barbarie, dont ils avaient cru sans doute se garantir par le silence, les avait envahis, et toutes les plates sottises et les atroces suggestions de leurs esclaves avaient pénétré au sein de leurs sanctuaires si bien clos, en s’y glissant dans le sang de leurs propres veines. Rien de plus naturel.

Comme tous les autres grands faits sociaux, la religion d’un peuple se combine d’après l’état ethnique. Le catholicisme lui-même condescend à se plier, quant aux détails, aux instincts, aux idées, aux goûts de ses fidèles. Une église de la Westphalie n’a pas l’apparence d’une cathédrale péruvienne ; mais, lorsque c’est de religions païennes qu’il s’agit, comme elles sont issues presque entièrement de l’instinct des races, au lieu de dominer cet instinct, elles lui obéissent sans réserve, reflétant son image avec la fidélité la plus scrupuleuse. Il n’y a pas de danger, d’ailleurs, qu’elles s’inspirent avec