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Il en fut absolument de même pour d’autres groupes à demi blancs, apparentés aux Ibères d’assez près, et plus tard aux Galls. Ces groupes étaient composés de Slaves qui, semés sur plusieurs points des pays celtiques, y vivaient sporadiquement, côte à côte avec les Kymris. Les mêmes motifs qui empêchaient les Ibères d’Espagne, envahis par les Celtes, d’être réduits en esclavage, assuraient à ces Wendes, perdus loin du gros de leur race, une attitude d’indépendance. On les voit formant dans l’Armorique une nation distincte, et y portant leur nom national de Veneti. Ces Vénètes avaient aussi dans le pays de Galles actuel une partie des leurs (1)[1], dont la résidence était Wenedotia ou Gwineth. La Vilaine s’appelait, d’après eux, Vindilis. La ville de Vannes garde aussi bien dans son nom une trace de leur souvenir, et ce qui est assez curieux, c’est qu’elle le garde dans la forme que les Finnois donnent au mot Wende : Wane (2)[2].

Une tribu gallique, parente des Vénètes, les Osismii, possédait un port qu’elle nommait Vindana (3)[3]. Bien loin de là encore, sur l’Adriatique et tout à côté des Celtes Euganéens, résidaient les Veneti, Heneti ou Eneti, dont la nationalité est un fait historiquement reconnu, mais qui, bien que parlant une langue particulière, avaient absolument les mêmes mœurs que les Galls, leurs voisins. Plusieurs autres populations slaves,



peut-être un peu supérieurs aux familles d’où ils sortaient. J’ai déjà fait remarquer que ce fait était assez ordinaire dans les alliages d’espèces inférieures ou secondaires. (Voir t. I, livre Ier.) Dieffenbach (Celtica II, 2e Abth., p. 47) fait cette même observation, précisément à propos du sujet dont il s’agit ici.

(1) Schaffarik, Slawische Alterth., t. I, p. 260.

(2) Schaffarik, ouvr. cité, t. I, p. 260.

(3) En breton, Gwenet et Wenet. C’est une règle curieuse que là où les Hellènes mettaient le digamma et où les Grecs modernes placent le C, les Celtes, les Latins et les Slaves emploient le W. Le digamma se confond avec l’esprit rude ; les dialectes gothiques, et le sanscrit même, remplacent le W par le H. (Shaffarik, Slawische Alterthümer, t. I, p. 160.) On trouve encore en France la racine Vend dans plusieurs autres noms de lieux à l’ouest, tels que Vendôme et la Vendée. Strabon nomme encore des Οὐένονες ou Vennones au-dessus de Côme, à côté des Rhétiens, non loin, par conséquent, des Vénètes de l’Adriatique. (L. IV, 6.) — Dieffenbach, Celtica II, 1re Abth., p. 342, 219, 220, 222.

  1. (1) Schaffarik, Slawische Alterth., t. I, p. 260.
  2. (2) Schaffarik, ouvr. cité, t. I, p. 260.
  3. (3) En breton, Gwenet et Wenet. C’est une règle curieuse que là où les Hellènes mettaient le digamma et où les Grecs modernes placent le C, les Celtes, les Latins et les Slaves emploient le W. Le digamma se confond avec l’esprit rude ; les dialectes gothiques, et le sanscrit même, remplacent le W par le H. (Shaffarik, Slawische Alterthümer, t. I, p. 160.) On trouve encore en France la racine Vend dans plusieurs autres noms de lieux à l’ouest, tels que Vendôme et la Vendée. Strabon nomme encore des Οὐένονες ou Vennones au-dessus de Côme, à côté des Rhétiens, non loin, par conséquent, des Vénètes de l’Adriatique. (L. IV, 6.) — Dieffenbach, Celtica II, 1re Abth., p. 342, 219, 220, 222.