Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/166

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce qui est bien frappant chez elles, c’est l’emploi tout à fait utilitaire qui y était fait de la pensée écrite. Nous n’avons encore rien rencontré de semblable dans les sociétés féminines élevées à un degré correspondant sur l’échelle de la civilisation, et, l’esprit encore tout plein des faits que l’examen du monde asiatique a fournis aux pages du premier volume, nous devons nous reconnaître ici sur un terrain tout nouveau. Nous sommes au milieu de gens qui comprennent et éprouvent l’empire d’une raison plus sèche, et qui obéissent aux suggestions d’un intérêt plus terre à terre.

Les nations celtiques étaient guerrières et belliqueuses, sans doute ; mais, en définitive, beaucoup moins qu’on ne le suppose généralement. Leur renommée militaire se fonde sur les quelques invasions dont elles ont troublé la tranquillité des autres peuples. On oublie que ce furent là des convulsions passagères d’une multitude que des circonstances transitoires jetaient hors de ses voies naturelles, et que, pendant de très longs siècles, avant et après leurs grandes guerres, les États celtiques ont profondément respecté leurs voisins. En effet, leur organisation sociale avait elle-même besoin de repos pour se développer.

Ils étaient surtout agriculteurs, industriels et commerçants. S’il leur arrivait, comme à toutes les nations du monde, même les plus policées, de porter la guerre chez autrui, leurs citoyens



grecs, prouve, du reste, lui-même, l'inexactitude de son renseignement. Il raconte qu'ayant à envoyer une lettre à un de ses lieutenants, assiégé par les Belges, et ne voulant pas qu'elle pût être lue en route, il l'écrivit, non pas en langue grecque, mais en caractères grecs. Donc les caractères grecs étaient inconnus de ses adversaires. (Cæs., de Bello Gall., V.) — Tout ce qu'il y a de peu satisfaisant dans l'assertion que les lettres en usage chez les Celtes étaient d'origine grecque a, du reste, frappé les commentateurs de César. Pour concilier les nombreuses difficultés qui leur sautaient aux yeux, ils ont eu recours à des subtilités infinies, mais dont ils se montrent, eux-mêmes tout les premiers, fort médiocrement satisfaits. — Voir l'édition d'Oudendorp, in-8o, Lipsiæ, 1805. — Il est effectivement inadmissible que les Celtes, ayant pour les légendes de leurs monnaies des alphabets nationaux, comme les médailles le démontrent, aient employé, dans les détails de leur vie, des caractères étrangers.