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tantôt de gauche à droite, et ce n’est que tard que sa marche actuelle a été fixée (1)[1].

Il n’y a là rien d’insolite. On a démontré que le dévanagari, qui suit aujourd’hui notre méthode, avait été inventé selon les besoins du système contraire. De même encore, les runes se placent de toutes les façons, de droite à gauche, de gauche à droite, de bas en haut, ou en cercle. On est même en droit d’affirmer qu’il n’existait pas primitivement de façon normale d’écrire les runes.

Les seizes lettres du modèle grec ne rendaient pas tous les sons de la langue mixte formée d’éléments aborigènes, sémitiques et arians-helléniques. Elles ne pouvaient répondre davantage au besoin des idiomes de l’Asie antérieure, qui tous ont des alphabets beaucoup plus nombreux. Mais peut-être convenaient-elles mieux à l’idiome de ces habitants primitifs du pays, vaguement nommés Pélasges, dont je n’ai encore qu’indiqué l’origine celtique ou slave. Ce qui est certain, c’est que les runes du nord, que W. Grimm considère comme n’ayant point été inventées pour les dialectes teutoniques (2)[2], n’ont aussi que seize lettres, également insuffisantes pour reproduire toutes les modulations de la voix chez un Goth. W. Grimm (3)[3], comparant les runes aux caractères découverts par Strahlenberg et par Pallas sur les monuments arians des rives du Jenisseï, n’hésite pas à voir dans ces derniers le type originel. Il reporte, ainsi au berceau même de la race blanche la souche de tous nos alphabets actuels, et partant de l’alphabet grec ancien lui-même, sans parler des systèmes sémitiques. Cette considération deviendra dans l’avenir, je n’en doute pas,



(1) Bœckh, Ueber die griechischen Inschriften auf Thera, in-4o, Berlin, 1836, p. 17. — Généralement, et en dehors de l’influence romaine, les inscriptions osques, umbriques et étrusques vont de droite à gauche ; au contraire, l’alphabet sabellien, dans les deux seuls exemples connus jusqu’ici, suit la forme serpentine. — Mommsen, Die nord etruskischen Alphabete, p. 222.

(2) W. C. Grimm, Ueber die teutsche Runen.

(3) W. C. Grimm, ouvr. cité, p. 128. — Strahlenberg, Der nord und œstliche Theil von Europa und Asien, p. 407, 410 et 356, tab. V.


  1. (1) Bœckh, Ueber die griechischen Inschriften auf Thera, in-4o, Berlin, 1836, p. 17. — Généralement, et en dehors de l’influence romaine, les inscriptions osques, umbriques et étrusques vont de droite à gauche ; au contraire, l’alphabet sabellien, dans les deux seuls exemples connus jusqu’ici, suit la forme serpentine. — Mommsen, Die nord etruskischen Alphabete, p. 222.
  2. (2) W. C. Grimm, Ueber die teutsche Runen.
  3. (3) W. C. Grimm, ouvr. cité, p. 128. — Strahlenberg, Der nord und œstliche Theil von Europa und Asien, p. 407, 410 et 356, tab. V.