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avant Jésus-Christ, fermement établis dans les Gaules, et les Slaves, que, pour des motifs à donner en leur lieu, j’aperçois en Espagne antérieurement à cette époque, avaient quitté depuis des siècles la patrie sibérienne et longé les bords supérieurs du Pont-Euxin. Pour toutes ces causes, une certaine somme de mélanges subis par les Titans avait apporté dans les veines des Arians Hellènes quelque proportion de principes jaunes dus seulement à l’intermédiaire des nations souillées d’un contact plus intime avec les peuples finnois [1].

Après l’époque de Deucalion, à dater du seizième siècle avant Jésus-Christ [2], les tribus fixées dans la Macédoine, l’Épire, l’Acarnanie, l’Étolie, le nord, en un mot, réunirent, à un degré tout particulier, les traits du caractère arian et furent les premières à faire connaître le nom des Hellènes.

Là surtout brilla l’esprit belliqueux. Le héros thessalien, le brave aux pieds légers, reste toujours le prototype du courage hellénique. Tel que l’Iliade nous le montre, c’est un guerrier véhément, ami du danger, cherchant la lutte pour la lutte, et, dans sa religion de loyauté, ne transigeant pas avec le devoir qu’il s’impose. Ses nobles sentiments le font aimer. Les passions impétueuses qui le perdent le font plaindre. Il est digne d’être comparé aux vainqueurs de l’épopée hindoue, du Schahnameh et des chansons de geste.

L’énergie était le trait de cette famille. Cette vertu, quand l’intelligence l’éclaire et la conduit, est partout désignée d’a-

  1. Très vraisemblablement le grec contient des racines thraces et illyriennes provenant du contact très ancien des Arians Hellènes, et même des Titans avec les populations parlant ces idiomes. O. Müller remarque avec raison que les Hellènes rapportaient aux Thraces leur poésie et leur civilisation primordiales. Le pays au nord de l’Hémus était, pour les admirateurs d’Orphée, le berceau de la culture morale. (Pott, Encycl. Ersch u. Gruber, p. 65.)
  2. On s’aperçoit du premier coup d’œil combien les antiquités les plus lointaines de la Grèce sont humbles en comparaison de ce que l’on observe dans l’Inde, en Assyrie, en Égypte, même en Chine, et de ce que la Bactriane pourrait montrer. Ainsi Sicyone ne date que de l’an 2164 avant J.-C. C’est une fondation chananéenne, et l’arrivée des Arians Hellènes, de six siècles plus tardive, rejette aux âges de maturité des sociétés primitives l’enfance encore antéhistorique de l’Hellade.