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conséquemment de l’opulence générale des nations dont elles formaient la base (1)[1]. Nous voilà bien loin de l’opinion si longtemps répandue, et si légèrement adoptée, sur la barbarie complète des tribus galliques, opinion qui prenait surtout son point d’appui dans la fausse allégation que les monuments finniques étaient leur œuvre.

Ce n’est pas encore fuir assez de si lourdes erreurs : plusieurs détails importants qui restent à dire vont allonger la distance. Les Celtes, habiles à tant de travaux divers, ne pouvaient pas être étrangers au besoin de les rémunérer et de leur reconnaître un prix. Ils connaissaient l’usage du numéraire, et, trois cents ans avant la venue de César, battaient monnaie pour les besoins du commerce extérieur. Ils avaient des pièces d’or, d’argent, d’or-argent et cuivre, de cuivre et plomb, de fer, de cuivre seul, rondes, carrées, radiées, concaves, sphériques, plates, épaisses, minces, frappées en creux ou en relief (2)[2]. Un très grand nombre de ces monnaies ont été visiblement produites sous l’influence massaliote, macédonienne ou romaine (3)[3]. Mais d’autres échappent complètement au soupçon



(1) Keferstein, t. I, p. 304.

(2) Id., ouvr. cité, t. I, p. 341.

(3) Les différentes catégories d’imitations paraissent se limiter à des territoires déterminés. Celles qui ont pour objet les monnaies massaliotes se trouvent dans la Narbonnaise, sur le cours supérieur du Rhône, dans la Lombardie entière, à Berne, à Genève, dans le Valais, le Tessin, les Grisons et le Tyrol italien ; mais, en France, on n’en a pas rencontré jusqu’ici au-dessus de Lyon. — Sur le penchant septentrional des Pyrénées et les côtes de l’Océan, ce sont les colonies grecques de Rhodæ et d’Emporiæ qui ont fourni les types ; il s’en rencontre dans les pays de la Garonne, à Toulouse, dans le Poitou ; on en cite un exemplaire découvert en Sologne. Sur la Loire supérieure, sur le Rhin, sur la Schelde, se voient les contrefaçons grossières des statères macédoniens de Philippe II. Mommsen pense que cette habitude de copier, du moins mal possible, les types grecs pour la monnaie, a commencé au IVe siècle avant J.-C., c’est-à-dire environ trois cents ans avant la conquête de César. C’est, à coup sûr, l’indice de relations commerciales fort étendues, fort suivies et telles qu’on les pourrait à peine dire supérieures aujourd’hui. — Mommsen, Die nordetruskischen Alphabete, dans les Mittheilungen der antiquarischen Gesellschaft in Zurich, VII B. 8e Heft., in-4o 1853, p. 204, 233, 236, 256.

  1. (1) Keferstein, t. I, p. 304.
  2. (2) Id., ouvr. cité, t. I, p. 341.
  3. (3) Les différentes catégories d’imitations paraissent se limiter à des territoires déterminés. Celles qui ont pour objet les monnaies massaliotes se trouvent dans la Narbonnaise, sur le cours supérieur du Rhône, dans la Lombardie entière, à Berne, à Genève, dans le Valais, le Tessin, les Grisons et le Tyrol italien ; mais, en France, on n’en a pas rencontré jusqu’ici au-dessus de Lyon. — Sur le penchant septentrional des Pyrénées et les côtes de l’Océan, ce sont les colonies grecques de Rhodæ et d’Emporiæ qui ont fourni les types ; il s’en rencontre dans les pays de la Garonne, à Toulouse, dans le Poitou ; on en cite un exemplaire découvert en Sologne. Sur la Loire supérieure, sur le Rhin, sur la Schelde, se voient les contrefaçons grossières des statères macédoniens de Philippe II. Mommsen pense que cette habitude de copier, du moins mal possible, les types grecs pour la monnaie, a commencé au IVe siècle avant J.-C., c’est-à-dire environ trois cents ans avant la conquête de César. C’est, à coup sûr, l’indice de relations commerciales fort étendues, fort suivies et telles qu’on les pourrait à peine dire supérieures aujourd’hui. — Mommsen, Die nordetruskischen Alphabete, dans les Mittheilungen der antiquarischen Gesellschaft in Zurich, VII B. 8e Heft., in-4o 1853, p. 204, 233, 236, 256.