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fait la base de leurs propres travaux. Puis, les chevaliers du moyen âge, à leur tour, élevant leurs donjons sur cette double antiquité, sont venus compléter les archives matérielles de l’architecture militaire en Europe.

Outre la pierre et le bois, les Galls usaient aussi de la brique. Ils ont bâti des tours très remarquables, dont quelques-unes subsistent encore, une, entre autres, sur la Loire, et d’usage inconnu, mais probablement religieux (1)[1].

Les cités, ainsi bien peuplées, bien bâties, bien défendues, bien fournies de meubles, d’ustensiles et de bijoux, communiquaient entre elles à travers le pays, non par des sentiers et des gués difficiles, mais par des routes régulières et des ponts. Les Romains n’ont pas été les premiers à établir des voies de communication dans les pays kymriques : ils en ont trouvé qui existaient avant eux, et plusieurs de leurs chemins les plus célèbres, parce qu’ils étaient les plus fréquentés, n’ont été que d’anciens ouvrages nationaux entretenus et réparés par leurs soins. Quant aux ponts, César en nomme que certes il n’avait pas bâtis (2)[2].

Outre ces communications, les Celtes en avaient organisé de plus rapides encore pour les circonstances extraordinaires. Ils possédaient une télégraphie véritable. Des agents désignés se criaient de l’un à l’autre la nouvelle qu’il fallait transmettre : de cette façon, un ordre ou un avis parti d’Orléans, au lever du soleil, arrivait en Auvergne avant neuf heures du soir, ayant parcouru de la sorte quatre-vingts lieues de pays (3)[3].

Si les villes étaient nombreuses et rassemblaient beaucoup d’habitants, les campagnes paraissent n’avoir pas été moins peuplées. On le peut induire du nombre considérable de



(1) « Coram adire alloquique Velledam negatum. Arcebantur adspectu quo venerationis plus inesset. Ipsa edita in turre ; delectus e propinquis consulta responsaque, ut internuncius numinis, portabat. » Tacite, Hist., IV, 65.

(2) Keferstein, ouvr. cité, t. I, p. 192. Sur plusieurs bornes milliaires antiques, on trouve, en France, l’indication de la lieue celtique au lieu du mille romain. Quant aux ponts, Orléans et Paris en avaient. Cæsar, de Bello Gall., VII, 11.

(3) Cæs., de Bello Gall., VII, 3.

  1. (1) « Coram adire alloquique Velledam negatum. Arcebantur adspectu quo venerationis plus inesset. Ipsa edita in turre ; delectus e propinquis consulta responsaque, ut internuncius numinis, portabat. » Tacite, Hist., IV, 65.
  2. (2) Keferstein, ouvr. cité, t. I, p. 192. Sur plusieurs bornes milliaires antiques, on trouve, en France, l’indication de la lieue celtique au lieu du mille romain. Quant aux ponts, Orléans et Paris en avaient. Cæsar, de Bello Gall., VII, 11.
  3. (3) Cæs., de Bello Gall., VII, 3.