Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/149

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avait porté les Celtes au travail, et du travail productif naquit le goût du commerce. Si les Massaliotes prospérèrent, c’est qu’il trouvèrent dans les populations qui les entouraient, et dans celles qui couvraient derrière eux les pays du nord, un instinct mercantile qui, à sa façon, répondait au leur, et que cet instinct avait créé de nombreux éléments d’échange. Il avait aussi à sa disposition des moyens de transport abondants et faciles. Les Celtes possédaient une marine. Ce n’étaient pas les pirogues misérables des Finnois, mais de bons vaisseaux de haut bord, bien construits et solidement membrés, armés d’une forte mâture et de voiles de peaux, souples et bien cousues. Ces navires, dans l’opinion de César, étaient mieux entendus pour la navigation de l’Océan que les galères romaines. Le dictateur s’en servit pour la conquête de l’île de Bretagne, et put les apprécier d’autant mieux que, dans la guerre contre les Vénètes, il s’en fallut de peu que sa flotte ne succombât à la supériorité de celle de ce peuple. Il parle aussi avec admiration de la quantité de bâtiments dont disposaient les nations de la Saintonge et du Poitou (1)[1].

De sorte que les Celtes avaient sur mer un puissant instrument d’activité et de fortune. Pour tant de raisons, leurs villes peu brillantes, étant d’ailleurs grandes, populeuses et bien pourvues de richesses de tout genre, le caractère belliqueux de la race leur faisait courir de fréquents dangers. La plupart étaient fortifiées, et non pas sommairement d’une palissade et d’un fossé, mais avec toutes les ressources d’un art d’ingénieur qui n’était pas méprisable. César rend justice au talent des Aquitains gaulois dans l’attaque des places au moyen de la mine. Il n’est pas à croire que les Celtes, habiles aux travaux souterrains, comme les Ibères, fussent plus maladroits que ces derniers dans l’application militaire de leurs connaissances (2)[2].

Les défenses des villes étaient donc très fortes. Elles consistaient



(1) De Bello Gall., III, 8, 9, 11.

(2) César dut renoncer à prendre Soissons, à cause de la largeur de ses fossés et de l’élévation de ses murailles. (De Bello Gall., II, 12.)

  1. (1) De Bello Gall., III, 8, 9, 11.
  2. (2) César dut renoncer à prendre Soissons, à cause de la largeur de ses fossés et de l’élévation de ses murailles. (De Bello Gall., II, 12.)