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possible, par la philologie et les arguments physiologiques : mais, puisque l’histoire est ici d’une clarté et d’une précision trop rares, je ne repousserai certes pas le secours qu’elle m’apporte, et je compléterai ma démonstration.

Les Titans étaient les fils directs de cet ancien dieu arian, déjà aperçu par nous dans l’Inde, aux origines védiques, de ce Varounas, expression vénérable de la piété des auteurs de la race blanche, et dont les Hellènes n’avaient même pas défiguré le nom en le conservant, après tant de siècles, sous la forme à peine altérée d’Ouranos. Les Titans, fils d’Ouranos, le dieu originel des Arians, étaient bien incontestablement eux-mêmes, on le voit, les Arians, et parlaient une langue dont les restes, survivant au sein des dialectes helléniques, se rapprochaient, sans nul doute, d’une façon très intime, et du sanscrit, et du zend, et du celtique, et du slave le plus ancien.

Les Titans, ces conquérants altiers des contrées montagneuses du nord de la Grèce, ces hommes violents et irrésistibles, laissèrent dans la mémoire des populations de l’Hellade, et, par contre-coup, dans celle de leurs propres descendants, exactement cette même idée de leur nature que les antiques Chamites blancs, que les premiers Hindous, que les Arians égyptiens, que les Arians chinois, tous conquérants, tous leurs parents, ont laissée dans le souvenir des autres peuples (1)[1]. On les divinisa, on les plaça au-dessus de la créature humaine, on s’avoua plus petits qu’eux, et, ainsi que je l’ai dit quelquefois déjà, par une telle façon de comprendre les choses, on rendit



(1) Il est très vraisemblable qu’on peut considérer comme un monument de la législation titanique ces prescriptions de Busygès, qui, dit-on, furent la souche du code de Dracon. Trois commandements en formaient tout l’ensemble conservé à travers les siècles : « Honore tes parents ; offre aux dieux les prémices de la terre ; ne fais pas de mal au taureau. » C’est évidemment là toute la loi hindoue et zoroastrienne, c’est le pur esprit arian. — On sait que les Grecs ne purent se défaire qu’avec peine du respect traditionnel pour le bœuf. Quand ils se laissèrent aller à sacrifier cet animal, ils imaginèrent, comme palliatif de la mauvaise action qu’ils commettaient, la cérémonie de la βουφόνια ou δειπόλια, dans laquelle le sacrificateur, après avoir frappé sa victime, s’enfuyait en abandonnant la hache, à qui l’on faisait le procès. (Bœttiger, Ideen zur Kunstmythologie, t. II, p. 267.)

  1. (1) Il est très vraisemblable qu’on peut considérer comme un monument de la législation titanique ces prescriptions de Busygès, qui, dit-on, furent la souche du code de Dracon. Trois commandements en formaient tout l’ensemble conservé à travers les siècles : « Honore tes parents ; offre aux dieux les prémices de la terre ; ne fais pas de mal au taureau. » C’est évidemment là toute la loi hindoue et zoroastrienne, c’est le pur esprit arian. — On sait que les Grecs ne purent se défaire qu’avec peine du respect traditionnel pour le bœuf. Quand ils se laissèrent aller à sacrifier cet animal, ils imaginèrent, comme palliatif de la mauvaise action qu’ils commettaient, la cérémonie de la βουφόνια ou δειπόλια, dans laquelle le sacrificateur, après avoir frappé sa victime, s’enfuyait en abandonnant la hache, à qui l’on faisait le procès. (Bœttiger, Ideen zur Kunstmythologie, t. II, p. 267.)