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directes avec les Celtes ou Gomers, dont plusieurs nations vivaient alors sur les côtes septentrionales de la mer Noire. Cependant il est également probable que les Celtes avaient eu des contacts avec les Sémites dès avant cette époque. Les rédacteurs de la Genèse ont puisé, sans doute, plus d’un



des fils de Gomer, des Celtes véritables, et que Gomer lui-même, c’est-à-dire la souche de la nation, a déjà été reconnu dans son plus ancien gîte, sur la côte de la mer Noire, le parti le plus simple serait peut-être d’admettre qu’Aschkenas représente les groupes de même sang placés plus à l’ouest, indéfiniment, peut-être les Slaves. Quant à Riphath, les habitants des monts Riphées, ce sont encore des Celtes, s’allongeant du côté du nord dans des contrées froides, montagneuses, vaguement entrevues, et se confondant au milieu des Carpathes avec les Aschkenas. — Si les fils de Gomer paraissent assez difficiles à reconnaître, ceux de Javan, l’occidental, ne le sont pas moins, comme le promettait, du reste, le nom de leur père. Ils apparaissent au nombre de quatre : Élischah, les habitants de la Grèce continentale, soit ceux de l’Élide, soit ceux d’Éleusis, non pas des Hellènes, mais, beaucoup plus vraisemblablement, des aborigènes, Celtes et Slaves. (Voir plus bas, chap. IV.) Tharschisch, les Ibères d’Espagne et, peut-être aussi, des îles voisines. Kittim, dans l’hypothèse la plus ordinaire, les habitants de Chypre et des archipels grecs ; mais j’en doute, les premiers colons de ces îles paraissant avoir été des Sémites. Enfin, Dodanim, les gens de l’Épire, par conséquent les Illyriens. Consulter, entre autres, à ce sujet, Rosenmuller, Biblische Geographie, in-8o, Berlin, 1823, t. I, p. 224 pass. ; plus récemment Delitsch, die Genesis, p. 284 et sqq. ; et Knobel, Giessen, 1850. M. Richers a également publié un livre sur ce sujet, mais je ne l’ai pas eu entre les mains. On peut tirer de ce qui précède les conclusions suivantes : la géographie japhétide de la Genèse, basée sur les souvenirs antiques des Chamites et les connaissances acquises, très peu nombreuses, des Sémites de Chaldée, n’embrasse pas, tant s’en faut, tout l’ensemble des nations blanches du nord. Les Arians n’y figurent que par l’individualité médique, les races du Caucase, les Thraces, et une combinaison ethnique au second degré, les Illyriens. On peut distinguer trois parties dans le détail : 1° les noms de Gomer, de Magog, de Thubal, de Meschesch, de Thiras et d’ Aschkenas, sont des appellatifs patronymiques donnés à des peuples. Ils représentent probablement les produits de la plus ancienne tradition. 2° Les mots Javan, Kittim et Dodanim sont des noms collectifs de peuples, acquis après le temps des premières migrations. 3° Ceux de Madaï, Riphath, Thogarma, Élischah et Thraschisch, véritables dénominations géographiques, indiquent des contrées plutôt que des peuples, et résultent d’une connaissance topographique déjà plus expérimentée.