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plus exigeante et plus absolue. On ne voit pas que les populations rasènes, dominées par leurs aristocraties de race étrangère, aient possédé une part régulière dans l’exercice du pouvoir. Cependant, comme on ne trouve pas non plus chez elles le despotisme sans frein et sans remords des États sémitiques, et que le subordonné y jouissait d’une somme suffisante de repos, de bien-être, d’instruction, l’instinct primordial de ce dernier devait se rapprocher beaucoup plus des dispositions à l’isolement individuel, qui caractérisent l’espèce finnique, que des tendances à l’agglomération, inhérentes à la race noire, et qui la privent tout aussi bien de l’instinct de la liberté physique que du goût de l’indépendance morale.

De toutes ces considérations, je conclus que les Rasènes, lorsqu’on les dégage de l’élément étranger apporté par la conquête tyrrhénienne, étaient un peuple presque entièrement jaune, ou, si l’on veut, une tribu slave médiocrement blanche[1].

  1. Abeken, assez empêché de trouver un nom à l’élément étrusque de première formation, l’appelle pélasgique, et, lorsqu’il veut définir ce qu’il entend par ce mot, il ne sait pas s’en tirer autrement qu’en l’expliquant par le mot plus obscur et plus vague encore d’urgriechisch (hellénique primitif). Chez lui, le sens définitif paraît être de rattacher les Étrusques indigènes à la souche ariane. Cette opinion semblera, je n’en doute pas, tout à fait inadmissible. (Abeken, Mittel-Italien vor der Zeit der rœmischen Herrschaft, p. 24.) — Du reste, autant de savants qui se sont occupés de cette question, autant d’avis. Dans l’antiquité, Hérodote fait des Étrusques indigènes un peuple lydien, et la plupart des historiens se rangent à son opinion. Denys d’Halicarnasse s’en éloigna le premier et les déclara aborigènes, mais sans dire ce qu’il entendait par ce mot. O. Muller voit en eux une race à part, au milieu des populations italiotes. Lepsius n’admet ni des autochtones, ni même plus tard une conquête tyrrhénienne. À ses yeux, l’élément constitutif était formé de peuples umbriques qui, vaincus par des Pélasges, parvinrent à dominer leurs maîtres, et créèrent ainsi une nouvelle combinaison nationale qui produisit les Étrusques. Sir William Betham assure que les Rasènes, les Tyrrhéniens, et autres groupes qu’on distingue dans ce peuple, sont autant de fantômes. Il n’aperçoit là que des Celtes, et passe légèrement sur les objections. Son but est de donner une illustre parenté aux Irlandais. Dennis, après avoir énuméré tous ces sentiments si divers, se rallie purement et simplement à la bannière d’Hérodote. (Dennis, die Stædte und Begræbnisse Etruriens, t. I, p. IX et pass.) Niebuhr fait venir les Étrusques indigènes des montagnes Rhétiennes. (Rœmische Geschichte, in-8o, Berlin, 1811, t. I, p. 74 et pass.)