Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/132

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

encore, à l’élévation de la pensée. Enfin, tout pauvre que serait cet unique exemple d’aptitude poétique, on ne peut encore en attribuer complètement soit l’invention, soit la confection, aux Rasènes : car, si Fescennium comptait parmi leurs villes, elle était surtout peuplée d’étrangers, et, en particulier, de Sicules (1)[1].

Ainsi, privés de besoins et de satisfactions d’esprit, il faut chercher le mérite des Rasènes sur un autre terrain. Il faut les voir agriculteurs, industriels, fabricants, marins et grands constructeurs d’aqueducs, de routes, de forteresses, de monuments utiles (2)[2]. Les jouissances, et, pour me servir d’une expression devenue technique, les intérêts matériels étaient la grande préoccupation de leur société. Ils furent célèbres, dans l’antiquité la plus haute, par leur gourmandise et leur goût des plaisirs sensuels de toute espèce (3)[3]. Ce n’était pas un peuple héroïque, tant s’en faut ; mais je m’imagine que, s’il venait à sortir aujourd’hui de ses tombes, il serait, de toutes les nations du passé, celle qui comprendrait le plus vite la partie utilitaire de nos mœurs modernes et s’en accommoderait le mieux. Pourtant l’annexion à l’empire chinois lui conviendrait davantage encore.

De toute façon, l’Étrusque semblait un anneau détaché de ce peuple. Chez lui, par exemple, se présente avec éclat cette vertu spéciale des jaunes, le très grand respect du magistrat (4)[4], uni au goût de la liberté individuelle, en tant que cette liberté s’exerce dans la sphère purement matérielle. Il y a de cela chez les Ibères, tandis que les Illyriens et les Thraces paraissent avoir compris l’indépendance d’une manière beaucoup



(1) O. Muller, ouvr. cité, p. 183. — Sur l’incapacité poétique des Étrusques, voir Niebuhr, Rœm. Geschichte, t. I, p. 88.

(2) O. Muller, ouvr. cité, p. 260. Abeken, p. 31 et 164, et pass. — On trouve des traces de ces travaux de mines si dignes de remarque, ethniquement parlant, à Populonia et à Massa Marittima. On en extrayait du cuivre.

(3) Idem, ouvr. cité. — Les Étrusques employaient les femmes à la divination et aux choses du culte. C’est une coutume finnique, comme on le verra plus bas. — Dennis, t. I, p. XXXII.

(4) O. Muller, die Etrusker, p. 375.

  1. (1) O. Muller, ouvr. cité, p. 183. — Sur l’incapacité poétique des Étrusques, voir Niebuhr, Rœm. Geschichte, t. I, p. 88.
  2. (2) O. Muller, ouvr. cité, p. 260. Abeken, p. 31 et 164, et pass. — On trouve des traces de ces travaux de mines si dignes de remarque, ethniquement parlant, à Populonia et à Massa Marittima. On en extrayait du cuivre.
  3. (3) Idem, ouvr. cité. — Les Étrusques employaient les femmes à la divination et aux choses du culte. C’est une coutume finnique, comme on le verra plus bas. — Dennis, t. I, p. XXXII.
  4. (4) O. Muller, die Etrusker, p. 375.