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bras épais et courts, le corps lourd et gros, les yeux bridés, obliques, de couleur brune, les cheveux jaunâtres. Le menton est sans barbe, fort et proéminent ; le visage plein et rond, le nez charnu. Un poète latin, en quatre mots, résume le portrait : obesos et pingues Etruscos.

Toutefois, ni cette expression de Virgile, ni les images qu’elle commente si bien, ne s’appliquent, dans la pensée du poète, à des hommes de la race purement rasène. Images et descriptions poétiques se reportent aux Étrusques de l’époque romaine, de sang bien mêlé. C’est une nouvelle preuve, et preuve concluante, que l’immigration civilisatrice avait été comparativement faible, puisqu’elle n’avait pas modifié sensiblement la nature des masses. Ainsi il suffit d’unir ces deux phénomènes de la conservation d’une langue étrangère à la famille blanche, et d’une constitution physiologique non moins distincte, pour être en droit de conclure que le sang de la race soumise a gardé le dessus dans la fusion, et s’est laissé guider, mais non pas absorber, par les vainqueurs de meilleure essence.

La démonstration de ce fait ressort encore mieux du mode de culture particulier aux Étrusques. Encore une fois, je ne parle pas ici de l’ensemble raséno-tyrrhénien ; je ne relève que ce qui peut m’aider à découvrir la nature véritable de la population rasène primitive.

La religion avait son type spécial. Ses dieux, bien différents de ceux des nations helléniques sémitisées, ne descendirent jamais sur la terre. Ils ne se montraient pas aux hommes, et se bornaient à faire connaître leurs volontés par des signes, ou par l’intermédiaire de certains êtres d’une nature toute mystérieuse (1)[1]. En conséquence, l’art d’interpréter les obscures



pour la forme pointue de la tête, qui rappelle beaucoup certains types américains. — Consulter aussi Micali, Monuments antiques, in-fol., Paris, 1824, tab. XVI, fig. 1, 2, 4 et 8 ; tab. XVII, fig. 3 ; tab. LXI, fig. 9.

(1) O. Muller, die Etrusker, p. 266. Les Étrusques indigènes ne connaissaient pas le culte des héros topiques, et, par conséquent, n’avaient pas d’éponymes comme leurs vainqueurs, les Tyrrhéniens, ni comme les Grecs. Au-dessus de toutes leurs divinités, même de la plus grande, Tinia, ils plaçaient ces êtres surnaturels que les Romains

  1. (1) O. Muller, die Etrusker, p. 266. Les Étrusques indigènes ne connaissaient pas le culte des héros topiques, et, par conséquent, n’avaient pas d’éponymes comme leurs vainqueurs, les Tyrrhéniens, ni comme les Grecs. Au-dessus de toutes leurs divinités, même de la plus grande, Tinia, ils plaçaient ces êtres surnaturels que les Romains nommèrent dii involuti, les dieux enveloppés. (Dennis, t. I, p. XXIV.) J’en ai parlé plus haut.