Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les masses rasènes étaient certainement beaucoup plus épaisses que ne le furent celles de leurs civilisateurs. C’est là, d’ailleurs, un fait constant dans toutes les invasions suivies de conquêtes. Ce fut aussi leur langue qui étouffa celle des vainqueurs, et effaça chez ceux-ci presque toutes traces de l’ancien idiome. L’étrusque, tel que les inscriptions nous l’ont conservé, se montre assez étranger au grec et même au latin (1)[1]. Il est remarquable par ses sons gutturaux et son aspect rude et sauvage (2)[2]. Tous les efforts tentés pour interpréter ce qui en reste sont restés à peu près vains jusqu’à présent. M. W. de Humboldt inclinait à le considérer comme une transition de l’ibère aux autres langues italiotes (3)[3].

Quelques philologues ont émis la pensée qu’on en pourrait retrouver des vestiges dans le romansch des montagnes Rhétiennes. Peut-être ont-ils raison : cependant les trois dialectes parlés au canton des Grisons, en Suisse, sont des patois formés de débris latins, celtiques, allemands, italiens. Ils ne paraissent contenir que bien peu de mots issus d’autres sources, sauf des noms de lieux, en fort petit nombre.

Les monuments étrusques sont nombreux, et de différents âges. On en découvre tous les jours. Outre les ruines de villes et de châteaux, les tombeaux fournissent de précieux renseignements physiologiques. L’individu rasène, tel que le représente en ronde bosse le couvercle des sarcophages de pierre ou de terre cuite, est de petite taille (4)[4]. Il a la tête grosse, les



(1) O. Muller, die Etrusker. Voir le monument de Pérouse et les observations de Vermiglioli. Les Romains appelaient l’étrusque une langue barbare, ce qu’ils ne disaient ni du sabin ni de l’osque. Preuve qu’ils ne le comprenaient pas.

(2) O. Muller, ouvr. cité.

(3) Cette opinion est adoptée par O. Muller, ouvr. cité, p. 68.

(4) Prichard, Hist. natur. de l’homme, t. I, p. 257. — Verhandlungen der Academie von Berlin, 1818-1819, p. 2. — Abeken donne, dans son ouvrage, tabl. VIII, un dessin copié sur une peinture funéraire qui fait partie du musée de Berlin. Un des personnages surtout est remarquable par l’écrasement du visage, la protubérance d’un front très fuyant, la disposition des yeux extrêmement obliques, la grosseur des lèvres, les formes massives du corps. — Voir aussi la représentation de la statuette 2-a, 2-b, tabl. VII et 4 et 5 de la même table,

  1. (1) O. Muller, die Etrusker. Voir le monument de Pérouse et les observations de Vermiglioli. Les Romains appelaient l’étrusque une langue barbare, ce qu’ils ne disaient ni du sabin ni de l’osque. Preuve qu’ils ne le comprenaient pas.
  2. (2) O. Muller, ouvr. cité.
  3. (3) Cette opinion est adoptée par O. Muller, ouvr. cité, p. 68.
  4. (4) Prichard, Hist. natur. de l’homme, t. I, p. 257. — Verhandlungen der Academie von Berlin, 1818-1819, p. 2. — Abeken donne, dans son ouvrage, tabl. VIII, un dessin copié sur une peinture funéraire qui fait partie du musée de Berlin. Un des personnages surtout est remarquable par l’écrasement du visage, la protubérance d’un front très fuyant, la disposition des yeux extrêmement obliques, la grosseur des lèvres, les formes massives du corps. — Voir aussi la représentation de la statuette 2-a, 2-b, tabl. VII et 4 et 5 de la même table, pour la forme pointue de la tête, qui rappelle beaucoup certains types américains. — Consulter aussi Micali, Monuments antiques, in-fol., Paris, 1824, tab. XVI, fig. 1, 2, 4 et 8 ; tab. XVII, fig. 3 ; tab. LXI, fig. 9.