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à bien des romans plus hasardés les uns que les autres. Des hommes doués d’une imagination véhémente se sont empressés de faire passer le détroit de Gibraltar aux Ibères, de les acheminer au long de la côte occidentale de l’Afrique, de reconstruire, tout exprès pour eux, l’Atlantide, de pousser ces pauvres gens, bon gré, mal gré, et à pied sec, jusqu’aux rivages du nouveau continent. L’entreprise est hardie, et je n’oserais m’y associer. J’aime mieux penser que les affinités américaines de l’euskara peuvent avoir leur source dans le mécanisme primitivement commun à toutes les langues finniques (1)[1]. Mais, comme ce point n’est pas encore éclairci de manière à produire une certitude, je préfère surtout le laisser à l’écart (2)[2].

Rejetons-nous sur ce que l’histoire nous apprend des habitudes et des mœurs de la nation ibère. Nous y trouverons plus de clartés conductrices.

Ici, la lumière saute aux yeux, et avec assez d’éclat pour détruire à peu près toutes les incertitudes. Les Ibères, lourds et rustiques, non pas barbares, avaient des lois, formaient des sociétés régulières (3)[3]. Leur humeur était taciturne, leurs habitudes étaient sombres. Ils allaient vêtus de noir ou de couleurs ternes, et n’éprouvaient pas cet amour de la parure si général chez les Mélaniens (4)[4]. Leur organisation politique se



the greatest number of ideas within the smallest possible compass, condenses whole sentences into a single word. » — W. v. Humboldt, Prüfung der Untersuchungen über die Urbewohner Hispaniens, p. 174 et sqq.

(1) Dieffenbach, Celtica II, 2e Abth., p. 15 et sqq.

(2) M. Muller, Suggestions for the assistance of officers in learning the languages of the seat of war in the East, London, 1854, considère l’agglutination comme le caractère distinctif de toutes les langues finniques. Peut-être y aura-t-il lieu, d’une part, à mieux s’expliquer sur les limites exactes de l’agglutination, et, d’une autre, à rechercher si les langues arianes elles-mêmes ne possèdent pas, de leur propre fonds, ce même procédé. L’étude des langues finniques est malheureusement bien peu avancée encore, et fait obstacle ainsi à toute connaissance définitive des autres familles d’idiomes.

(3) W. v. Humboldt, Prüfung der Untersuchungen über die Urbewohner Hispaniens, p. 152 et pass.

(4) Ibid., p. 158.

  1. (1) Dieffenbach, Celtica II, 2e Abth., p. 15 et sqq.
  2. (2) M. Muller, Suggestions for the assistance of officers in learning the languages of the seat of war in the East, London, 1854, considère l’agglutination comme le caractère distinctif de toutes les langues finniques. Peut-être y aura-t-il lieu, d’une part, à mieux s’expliquer sur les limites exactes de l’agglutination, et, d’une autre, à rechercher si les langues arianes elles-mêmes ne possèdent pas, de leur propre fonds, ce même procédé. L’étude des langues finniques est malheureusement bien peu avancée encore, et fait obstacle ainsi à toute connaissance définitive des autres familles d’idiomes.
  3. (3) W. v. Humboldt, Prüfung der Untersuchungen über die Urbewohner Hispaniens, p. 152 et pass.
  4. (4) Ibid., p. 158.