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de leurs alliages, représentent deux rameaux humains singulièrement bien doués, vigoureux et nobles, où l’essence ariane se fait très aisément deviner. Je me transporte maintenant à l’autre extrémité de l’Europe méridionale. J’y trouve les Ibères, et, avec eux, l’obscurité historique paraît s’amoindrir. Il serait oiseux de rappeler tous les efforts tentés jusqu’ici pour déterminer la nature de ce peuple mystérieux dont les Euskaras ou Basques actuels sont, avec plus ou moins de justesse, considérés comme les représentants. Le nom de ce peuple s’étant rencontré dans le Caucase, on a cherché à établir une sorte de ligne de route par laquelle il serait venu de l’Asie en Espagne (1)[1]. Ces hypothèses sont demeurées fort obscures. On sait mieux que la famille ibérique a couvert la péninsule, habité la Sardaigne, la Corse, les îles Baléares, quelques points, sinon toute la côte occidentale de l’Italie. Ses enfants ont possédé le sud de la Gaule jusqu’à l’embouchure de la Garonne, couvrant ainsi l’Aquitaine et une partie du Languedoc.

Les Ibères n’ont laissé aucun monument figuré, et il serait impossible d’établir leur caractère physiologique, si Tacite ne nous en avait parlé (2)[2]. Suivant lui, ils étaient bruns de peau et de petite taille. Les Basques modernes n’ont pas conservé cette apparence. Ce sont visiblement des métis blancs à la manière



(1) Ewald, Geschichte des Volkes Israel, t. I, p. 336. Ce savant ajoute que les Ibères du Caucase devaient appartenir à la souche de Hebr. Ce qui rendrait le rapprochement avec les Ibères d’Espagne impossible ; mais rien ne prouve que la supposition soit exacte. — Ce qui donne du prix au rapprochement du nom des Ibères du Caucase de celui des Ibères d’Espagne, c’est ce fait qu’une montagne de la Grèce continentale s’est très anciennement appelée les Pyrénées, tandis qu’un fleuve de la Thrace se nommait l’ Hèbre. Ce sont là des jalons dignes d’être remarqués.

(2) Dieffenbach, Celtica II, 2e Abth., p. 10. Toutefois le passage de Tacite n’est pas très concluant, et on peut lui opposer d’autres autorités, comme celle de Silius Italicus, qui fait les habitants de l’Espagne blonds. Mais à ces contradictions apparentes il y a à dire que l’Espagne contenait, à l’époque romaine, des populations de descendances bien diverses, et qu’il devait être fort difficile déjà d’y rencontrer un Ibère de race pure.

  1. (1) Ewald, Geschichte des Volkes Israel, t. I, p. 336. Ce savant ajoute que les Ibères du Caucase devaient appartenir à la souche de Hebr. Ce qui rendrait le rapprochement avec les Ibères d’Espagne impossible ; mais rien ne prouve que la supposition soit exacte. — Ce qui donne du prix au rapprochement du nom des Ibères du Caucase de celui des Ibères d’Espagne, c’est ce fait qu’une montagne de la Grèce continentale s’est très anciennement appelée les Pyrénées, tandis qu’un fleuve de la Thrace se nommait l’ Hèbre. Ce sont là des jalons dignes d’être remarqués.
  2. (2) Dieffenbach, Celtica II, 2e Abth., p. 10. Toutefois le passage de Tacite n’est pas très concluant, et on peut lui opposer d’autres autorités, comme celle de Silius Italicus, qui fait les habitants de l’Espagne blonds. Mais à ces contradictions apparentes il y a à dire que l’Espagne contenait, à l’époque romaine, des populations de descendances bien diverses, et qu’il devait être fort difficile déjà d’y rencontrer un Ibère de race pure.