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il n’a fait en cela qu’imiter un assez grand nombre de tribus humaines, coupables du même tort (1)[1].

Les Thraces et les Illyriens (2)[2] ont assez noblement soutenu leur origine ariane pour n’en pas être déclarés indignes. Les premiers avaient pris une grande part à l’invasion des peuples arians hellènes dans la Grèce.

Les seconds, en se mêlant aux Grecs Épirotes, Macédoniens et Thessaliens, les ont aidés à gravir jusqu’à la domination de l’Asie antérieure (3)[3]. Si, dans les temps historiques, les deux groupes auxquels sont donnés les noms de Thraces et d’Illyriens ont toujours, malgré leur énergie et leur intelligence reconnues, été réduits, en tant que nations, à un état subalterne, se contentant, au moins pour les derniers, de fournir en abondance des individualités illustres d’abord à la Grèce, puis aux empires romain et byzantin, enfin à la Turquie, il faut attribuer ce phénomène à leur fractionnement amené par des hymens locaux de valeurs différentes, à la faiblesse relative des groupes, et à leur séjour au milieu de tribus prolifiques, qui, les contenant dans des territoires montagneux et infertiles, ne leur ont jamais permis de se développer sur place. En tout état de cause, les Thraces et les Illyriens, considérés indépendamment



(1) T. I, p. 329 et 344.

(2) L’Illyrie a changé très fréquemment d’étendue et de limites. Elle a embrassé les races les plus diverses sous une même dénomination. Cc fut d’abord le pays riverain de l’Adriatique, entre la Neretwa au nord et le Drinus au sud. Les Triballes formaient la frontière de l’est.
Ensuite, cette circonscription s’étendit depuis le territoire des Taurisques Celtes jusqu’à l’Épire et la Macédoine. La Mœsie y était comprise. Après le second siècle de notre ère, l’Illyrie, s’agrandissant encore, contint les deux Noriques, les deux Pannonies, la Valérie, la Savoie, la Dalmatie, les deux Dacies, la Mœsie et la Thrace. Enfin Constantin en détacha ces deux dernières provinces, mais y réunit la Macédoine, la Thessalie, l’Achaïe, les deux Épires, Prævallis et la Crète. À cette époque, l’Illyrie contenait dix-sept provinces. C’est probablement par suite de cette organisation administrative qu’à un certain moment on a confondu les Thraces et les Illyriens comme n’étant qu’un même peuple. Cette opinion est d’ailleurs soutenable ; quelques Grecs l’ont anciennement professée. — Schaffarik, Slawische Alterthümer, t. I, p. 257.

(3) Pott, ouvr. cité, p. 64.


  1. (1) T. I, p. 329 et 344.
  2. (2) L’Illyrie a changé très fréquemment d’étendue et de limites. Elle a embrassé les races les plus diverses sous une même dénomination. Cc fut d’abord le pays riverain de l’Adriatique, entre la Neretwa au nord et le Drinus au sud. Les Triballes formaient la frontière de l’est.
    Ensuite, cette circonscription s’étendit depuis le territoire des Taurisques Celtes jusqu’à l’Épire et la Macédoine. La Mœsie y était comprise. Après le second siècle de notre ère, l’Illyrie, s’agrandissant encore, contint les deux Noriques, les deux Pannonies, la Valérie, la Savoie, la Dalmatie, les deux Dacies, la Mœsie et la Thrace. Enfin Constantin en détacha ces deux dernières provinces, mais y réunit la Macédoine, la Thessalie, l’Achaïe, les deux Épires, Prævallis et la Crète. À cette époque, l’Illyrie contenait dix-sept provinces. C’est probablement par suite de cette organisation administrative qu’à un certain moment on a confondu les Thraces et les Illyriens comme n’étant qu’un même peuple. Cette opinion est d’ailleurs soutenable ; quelques Grecs l’ont anciennement professée. — Schaffarik, Slawische Alterthümer, t. I, p. 257.
  3. (3) Pott, ouvr. cité, p. 64.