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facies est conçu. On dirait que l’Albanais est au Mongol comme est à ce dernier le Turk, surtout le Hongrois. Le nez se montre saillant, proéminent, le menton large et fortement carré. Les lignes, belles d’ailleurs, sont rudement tracées comme chez le Madjar, et ne reproduisent, en aucune façon, la délicatesse du modelé grec. Or, puisqu’il est irrécusable que le Madjar est mêlé de sang mongol par suite de sa descendance hunnique (1)[1], de même je n’hésite pas à conclure que l’Albanais est un produit analogue.

Il serait à désirer que l’étude de la langue vînt donner son appui à cette conclusion. Malheureusement cet idiome mutilé et corrompu n’a pu jusqu’ici être analysé d’une manière pleinement satisfaisante (2)[2]. Il faut en élaguer d’abord les mots tirés du turk, du grec moderne, des dialectes slaves, qui s’y sont amalgamés récemment en assez grand nombre. Puis on aura encore à écarter les racines helléniques, celtiques et latines. Après ce triage délicat, il reste un fond difficile à apprécier, et dont jusqu’à présent on n’a pu rien affirmer de définitif, si ce n’est qu’il n’est rien moins que parent de l’ancien grec. On n’ose donc l’attribuer à une branche de la famille ariane. Est-on en droit de croire que cette affinité absente est remplacée par un rapport avec les langues finniques ? C’est une question jusqu’à présent irrésolue. Force est donc de s’accommoder provisoirement du doute, de rejeter toutes démonstrations philologiques trop hâtives et de se borner à celles que j’ai tirées précédemment de la physiologie. Je dirai donc que les Albanais sont un peuple blanc, arian, directement mélangé de jaune, et que, s’il est vrai qu’il ait accepté des nations au milieu desquelles il a vécu un langage étranger à son essence,



(1) T. I, p. 221 et pass.

(2) L’ouvrage de M. de Xylander, die Sprache der Albanesen oder Schkipetaren, 1835, est à bon droit estimé ; mais le livre que vient de publier M. de Hahn, Albanesische Studien, in-8o, Wien, 1853, est beaucoup plus complet. Écrit sur les lieux et loin de tout secours scientifique, cet ouvrage excellent sera d’un grand secours aux philologues qui voudront faire entrer l’albanais dans le cercle des études comparées.

  1. (1) T. I, p. 221 et pass.
  2. (2) L’ouvrage de M. de Xylander, die Sprache der Albanesen oder Schkipetaren, 1835, est à bon droit estimé ; mais le livre que vient de publier M. de Hahn, Albanesische Studien, in-8o, Wien, 1853, est beaucoup plus complet. Écrit sur les lieux et loin de tout secours scientifique, cet ouvrage excellent sera d’un grand secours aux philologues qui voudront faire entrer l’albanais dans le cercle des études comparées.