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Voici les aborigènes de l’Europe, considérés en personnes, décrits avec leurs caractères physiques et moraux. Nous n’avons pas à nous plaindre cette fois de la pénurie des renseignements. On voit que les témoignages et les débris abondent de toutes parts, et établissent les faits sous la pleine clarté d’une complète certitude. Pour que rien ne manque, il n’est plus besoin que de voir l’antiquité nous livrer des portraits matériels de ces nains magiques dont elle était si préoccupée. Nous avons déjà pu soupçonner que l’image de Tagès et d’autres, qui se rencontrent sur les pierres gravées, étaient propres à remplir ce but. En désirant davantage, on demande presque une espèce de miracle, et pourtant le miracle a lieu.

Entre Genève et le mont Salève, s’aperçoit, sur un monticule naturel, un bloc erratique qui porte sur une de ses faces un bas-relief grossier, représentant quatre figures debout, de stature rabougrie et ramassée, sans cheveux, à physionomie large et plate, tenant des deux mains un objet cylindrique dont la longueur dépasse de quelques pouces la largeur des doigts (1)[1]. Ce monument est encore uni dans le pays aux derniers restes de certaines cérémonies anciennes qui s’y pratiquent comme dans tous les cantons où se conserve un fond de population celtique (2)[2].

Ce bas-relief a ses analogues dans les statues grossières appelées baba, que tant de collines des bords du Jenisseï, de l’Irtisch, du Samara, de la mer d’Azow, de tout le sud de la Russie, portent encore. Il est, comme elles, marqué d’une manière évidente du type mongol. Ammien Marcellin faisait foi de cette circonstance ; Ruysbock l’a encore remarquée au XIIIe siècle, et au XVIIIe, Pallas l’a relevée (3)[3]. Enfin, une coupe de



(1) Troyon, Colline des sacrifices de Chavannes le Veuron, in-4o, Londres, 1854, p. 14.

(2) C’est là qu’on allume le premier feu des brandons, qui sert de « signal pour le feu des autres contrées ». Ibid., note D. — Ces feux remontent aux mêmes usages païens que les bûchers de la Saint-Jean en France, et le jeu des torches qu’on lance en l’air en Bretagne. Les courses de flambeaux dans le Céramique, à Athènes, avaient aussi une origine non pas hellénique, mais pélasgique.

(3) Ibid.

  1. (1) Troyon, Colline des sacrifices de Chavannes le Veuron, in-4o, Londres, 1854, p. 14.
  2. (2) C’est là qu’on allume le premier feu des brandons, qui sert de « signal pour le feu des autres contrées ». Ibid., note D. — Ces feux remontent aux mêmes usages païens que les bûchers de la Saint-Jean en France, et le jeu des torches qu’on lance en l’air en Bretagne. Les courses de flambeaux dans le Céramique, à Athènes, avaient aussi une origine non pas hellénique, mais pélasgique.
  3. (3) Ibid.