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aux Finnois errants cachés dans les rochers et les cavernes.

Il est peut-être plus difficile d’analyser à fond le mot fad. On doit croire que, mutilé comme pit-goma, par la nécessité d’en faire une racine, il a perdu la partie que gnome a conservée, et rejeté celle que ce dernier vocable a gardée. Dans cette hypothèse, fad ne serait autre chose que pit, en vertu de mutations d’autant plus admissibles que la voyelle, étant longue dans la forme sanscrite, était toute préparée à recevoir au gré d’un autre dialecte une prononciation plus large.

Avec le mot gen ou gan ou khorr, la même modification de transformation que dans gnome se retrouve. Le sens primitif est simplement la descendance, la race, les hommes, genus. Il se peut aussi que la question ne soit pas aussi facile à résoudre, et qu’au lieu d’une mutilation, il s’agisse ici d’une contraction, aujourd’hui peu visible, et qui pourtant se laisse concevoir. L’affinité des sons p , f , w , g , ou , à , permet de comprendre la progression suivante :

pīt-gen,
fīt-gen,
fī-gen,
fī-ouen,
gān,
finn et fen.

Ce dernier mot n’a rien de mythologique, c’est le nom antique des vrais et naturels Finnois, et Tacite le témoigne, non seulement par l’usage qu’il en fait mais par la description physique et morale donnée par lui des gens qui le portent. Ses paroles valent la peine d’être citées : « Chez les Finnois, dit-il, étonnante sauvagerie, hideuse misère ; ni armes, ni chevaux, ni maisons. Pour nourriture, de l’herbe ; pour vêtements, des peaux ; pour lit, le sol. L’unique ressource, ce sont les flèches que, par manque de fer, on arme d’os. Et la chasse repaît également hommes et femmes. Ils ne se quittent pas, et chacun prend sa part du butin. Aux enfants, pas d’autre refuge contre les bêtes et les pluies, que de s’abriter