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gravées ont probablement eu en vue de reproduire l’image (1)[1].

Ces genii, ces larths, esprits élémentaires, n’ont pas besoin d’être comparés longuement aux Finnois pour qu’on reconnaisse en eux ces derniers. L’identité s’établit d’elle-même. La haute antiquité de cette notion, son extrême généralisation, son ubiquité, dans toutes les régions européennes, sous les différentes formes d’une même dénomination, faunus, πάν, gen ou genius, fee, khorrigan, fairy, ne permettent pas de douter qu’elle ne repose sur un fond parfaitement historique. Il n’y a donc nulle nécessité d’y insister davantage, et on peut passer à la dernière face de la question en examinant le mot nar.

Il est identique avec nanus, ou mieux encore avec le celtique nan, par suite de la loi de permutation qui a été établie plus haut. Dans les dialectes tudesques modernes, il signifie un fou, comme jadis, chez les peuples italiotes, fatuus, dérivé de fad. Les langues néo-latines l’ont consacré à désigner exclusivement un nain, abstraction faite de toute idée de développement moral. Mais, dans l’antiquité, les deux notions aujourd’hui séparées se présentaient réunies. Le nan ou le nar était un être laborieux et doué d’un génie magique, mais sot, borné, fourbe, cruel et débauché, toujours de taille remarquablement petite, et généralement chauve.

Le casnar des Étrusques était une sorte de polichinelle rabougri, contrefait, nain et aussi sot que méchant, gourmand et porté à s’enivrer. Chez les mêmes peuples, le nanus était un



(1) Tel est le personnage de Tagès. Le mythe qui le concerne est des plus significatifs. Un laboureur tyrrhénien ayant un jour creusé un sillon d’une profondeur peu commune, Tagès, fils d’un genius Jovialis, d’un génie divin, d’un Gan, sortit tout à coup de la terre et adressa la parole au laboureur. Celui-ci effrayé, poussa des cris, et tous les Tyrrhéniens accoururent. Alors Tagès leur révéla les mystères de l’aruspicine. Il avait à peine fini de parler qu’il expira. Mais les auditeurs avaient soigneusement écouté ses paroles, et la science divinatoire leur fut acquise. De là, le pouvoir augural particulier aux Étrusques. Tagès était de la taille d’un enfant ; sa sagesse était profonde. Ainsi expliquaient les Rasènes l’héritage sacerdotal que leur avaient légué les peuples qui les avaient précédés en Italie. — Cic., de Div., 2, 23 ; Ovid., Metam. ; 15, 558 ; Festus, S. v. Tagès, Isid., Orig., 8. 9.

  1. (1) Tel est le personnage de Tagès. Le mythe qui le concerne est des plus significatifs. Un laboureur tyrrhénien ayant un jour creusé un sillon d’une profondeur peu commune, Tagès, fils d’un genius Jovialis, d’un génie divin, d’un Gan, sortit tout à coup de la terre et adressa la parole au laboureur. Celui-ci effrayé, poussa des cris, et tous les Tyrrhéniens accoururent. Alors Tagès leur révéla les mystères de l’aruspicine. Il avait à peine fini de parler qu’il expira. Mais les auditeurs avaient soigneusement écouté ses paroles, et la science divinatoire leur fut acquise. De là, le pouvoir augural particulier aux Étrusques. Tagès était de la taille d’un enfant ; sa sagesse était profonde. Ainsi expliquaient les Rasènes l’héritage sacerdotal que leur avaient légué les peuples qui les avaient précédés en Italie. — Cic., de Div., 2, 23 ; Ovid., Metam. ; 15, 558 ; Festus, S. v. Tagès, Isid., Orig., 8. 9.